Mort d'Empédocle (La)

Mort d'Empédocle (La)

Hölderlin, Friedrich  
Schneider, Jean-Claude (Edité et traduit par) 
Layet, Clément (Traduit et commenté par) 
  • Éditeur : Bruit du temps (Le)
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782358732093
  • Format : Broché
  • Pages : 312
  • Prix : 43,95 $
  • Paru le 20 mai 2025

Après le roman Hypérion, dans lequel un jeune Grec moderne exprime son regret de la plénitude de la Grèce antique, Hölderlin tente, en 1798 de son désir de se mesurer à la tragédie grecque, « la plus rigoureuse de toutes les formes poétiques » et choisit pour thème l’histoire d’Empédocle, ce philosophe présocratique : « le grand Sicilien qui, jadis, las de compter les heures, proche de l’âme du monde, malgré son téméraire goût de vivre, se jeta dans les flammes admirables » de l’Etna.

Hölderlin a écrit trois versions de cette pièce, restées toutes les trois incomplètes. Les trois sont traduites ici. Elles ont chacune leur couleur propre, la première est celle où, sous l’habit grec, c’est un Jacobin (nous sommes à l’époque de la Révolution française) qui prêche la liberté, l’égalité et la fraternité, appelant de tous ses vœux le nouvel ordre social. Dans la deuxième version, le héros apparaît davantage comme un fondateur de religion. Dans la troisième, Empédocle n’est plus « plus qu’une âme brûlant déjà dans son corps d’homme avant d’aller, pour le fondre avec les éléments, le précipiter dans le feu de la terre ».
 
Traducteur de ces trois fragments, poète lui-même, Jean-Claude Schneider, pour qui « Hölderlin aujourd’hui, c’est d’abord une langue » a tenté de faire passer en français les particularités de cet allemand si neuf et « en rébellion contre l’harmonie » qu’il décrit dans sa préface, tout en restant soucieux d’aboutir à un texte qui a vocation à être dit sur la scène.
 
Le livre est enrichi par la traduction nouvelle de l’important texte théorique écrit en 1799 par Hölderlin avant sa troisième tentative. Le remarquable essai de Clément Lay et qui suit sa traduction va bien au-delà d’une simple postface. Désireux d’éclairer cet ensemble « particulièrement abrupt » et de rétablir une unité entre le poème dramatique et l’essai il montre en quoi la conflictualité fondamentale qui était au cœur de la pensée du philosophe grec correspond au conflit intérieur présent chez Hölderlin. Et c’est le sens même du destin du poète allemand qu’il présente sous un nouveau jour, en résonance avec notre présent. Sans éviter la question que pose la récupération de la poésie de Hölderlin par les nazis : n’y a-t-il pas quelque chose de « pourri » (comme l’avait écrit Paul Celan) dans l’idéalisation du sacrifice que représente La Mort d’Empédocle?

AUTEUR(S)

Johann-Christian-Friedrich Hölderlin est né en Souabe en 1770, destiné à une carrière théologique par sa mère il fait des études d’hébreu, de latin et de grec, dans divers séminaires et notamment celui de Tübingen où il se lie après 1791 à Hegel et Schelling. Hölderlin se passionne pour Kant, Rousseau, la Révolution et se détache du protestantisme en même temps que naît sa vocation poétique. Pour éviter la carrière de pasteur, il décide de gagner sa vie comme précepteur. À Iéna il rencontre Schiller, qui publie dans sa revue Thalia un fragment d’Hypérion, le roman qu’il est en train d’écrire et qui ne sera achevé après la rencontre de celle qu’il nomme « Diotima » : Suzette Gontard, l’épouse du banquier qui l’a accueilli comme précepteur de ses enfants. La tragédie d’Empédocle est écrite après la découverte de leur amour, qui l’oblige à quitter son emploi. En 1800, accueilli par des amis à Stuttgart, il connaît une période de calme où naissent ses grands poèmes, des hymnes influencés par sa fréquentation de Pindare. Mais en mai 1802, il doit quitter Bordeaux où il était précepteur des enfants du consul d’Allemagne, « frappé par Apollon » et les premiers signes d’une folie qu’aggravera par la nouvelle de la mort de Suzette Gontard. Malgré une rémission qui lui permet d’achever et publier ses traductions de Sophocle, il est interné dans une clinique en 1806 puis achève ses jours chez le menuisier Zimmer qui a accepté de l’accueillir. Il meurt en 1843, sans avoir pris conscience de sa gloire naissante auprès des romantiques qui commencent à le redécouvrir et à le publier.




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