Ce qui se passe en moi aura lieu de toute façon
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Le premier roman de Julie Benoît nous emporte tel un manège qui s’emballe au rythme des petites violences sournoises, celles qui font des ravages dans notre chair et les moindres replis de nos existences. Suzanne cherche inlassablement à donner un sens à ce qui est arrivé lors de sa césarienne, ce « moment qui n’existe pas ». Rejouant les événements jusqu’à l’obsession, elle réalise que bien qu’on l’ait laissée grande ouverte, ce qui tente de s’échapper d’elle n’y arrive pas. Sa maternité lui révèle que depuis toujours, on raconte son histoire à sa place. « Pas capable de te défendre ? Pas capable de défendre les autres ! »
L’autrice dissèque le réel avec une insolence salutaire, s’attaquant sans pitié aux lieux communs et aux hypocrisies ordinaires. Dans un lost in translation médico-juridique assumé, elle fait voler en éclats le récit auquel on s’attend, car rien ne se déroulera comme prévu. Un roman chirurgical brillant, drôle et douloureux, à classer non loin de L’œuvre d’une vie de Rachel Cusk ou Toucher la terre ferme de Julia Kerninon.
Julie Benoît vit à Montréal, là où elle a grandi. Anthropologue de formation, elle partage avec Suzanne, la protagoniste de Ce quise passe en moi aura lieu de toute façon, son cynisme (bien qu’à un degré moindre) et son amour pour les sandwichs et les longues marches. Elle est, comme Suzanne, mère d’une petite fille.
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