Les études réunies dans ce volume constituent la première exploration systématique de la question du temps par Jacques Rancière.

Dans le retour des pensées critiques d’aujourd’hui, l’interrogation sur le temps est une figure constante, que l’on songe à la notion d’« événement » ou aux débats inusables sur la modernité et la postmodernité.

Le temps est aussi un problème qui a accompagné toute l’oeuvre de Rancière, à travers le temps arraché par les ouvriers de La Nuit des prolétaires, les nouvelles figures du temps inaugurées par la modernité littéraire, ou encore les politiques de l’image dans les cinémas de Bresson ou Straub.

Les temps modernes déploient quatre moments de la réflexion rancièrienne : Temps, récit et politique ; La modernité revisitée ; Les moments de la danse ; Les temps du cinéma. Ces quatre domaines d’intervention sont aussi bien l’occasion d’une réflexion générale sur le temps, l’esthétique et la politique, qu’une discussion sur des moments et des temps singuliers de l’émancipation. Ces temporalités émancipatrices ne se donnent à voir, pour Rancière, ni comme une progression linéaire, ni comme un événement sorti de nulle part, mais plutôt comme des vagues : entre l’activité et l’inactivité, entre le pas-encore et le déjà-là. Peut-être plus encore que les philosophes ou les historiens, les écrivains, chorégraphes et cinéastes ont davantage à dire, pour Rancière, sur l’océan de gestes et de signes, sur le flux et le reflux du temps qui rompent avec l’horizon étriqué de la domination.

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