Histoire des intellectuels italiens au XXe siècle
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Nés au début du XXe siècle avec l'intention de contribuer à forger la culture nationale, à former les élites voire à s’y substituer, les intellectuels italiens ont épousé les passions politiques de leur temps. La nation, le fascisme, le communisme, mais aussi l’anticommunisme, le libéralisme, le catholicisme, le socialisme, autant de familles que ces intellectuels ont rejointes, animées, construites. Mais l’histoire des intellectuels italiens ne saurait se résumer à celle des idées politiques qu’ils ont contribué à élaborer et enrichir. L’intellectuel se définit aussi par son insertion dans la société, la place qu’il tente de s’y faire, sa position à l’égard des classes dirigeantes. Il aime à se définir autonome à l’égard des pouvoirs, comme il réaffirme le plus souvent l’autonomie de la culture qu’il représente. Cette autonomie est toutefois sujette à contestations, soit par des idéologies qui entendent contrôler la culture et ses représentants, soit plus simplement par les contraintes économiques qui pèsent sur les intellectuels. Ceux-ci évoluent avec la société. Les figures prophétiques caractéristiques des périodes de crise grave – de l’entrée en guerre en 1915 aux années de plomb – doivent coexister avec les maîtres à penser, souvent des philosophes dans la première moitié du siècle, bientôt les sociologues, nouveaux oracles pour une Italie en pleine mutation. L’expert, en économie ou en sciences sociales, déjà présente avant la Grande Guerre, semble bientôt dominer le monde intellectuel, plus en prise avec l’actualité, plus à même d’orienter les choix des classes dirigeantes. Il accompagne alors les vicissitudes du réformisme politique italien, contesté par de nouveaux prophètes, lorsque l’échec des gouvernements est patent, à la fin des années soixante ou au début des années quatre-vingt-dix.
Cet ouvrage s’appuie bien sûr sur une importante bibliographie, mais il entend avant tout se fonder sur les sources mêmes, archivistiques, épistolaires ou littéraires. Suivant un plan chronologique, il aborde le rôle des intellectuels dans le réveil national des deux premières décennies du siècle, leurs relations ambiguës avec le fascisme, la réalité de l’hégémonie communiste en leur sein après la Seconde Guerre mondiale, la force de l’anticommunisme, libéral ou socialiste, le difficile positionnement de ceux qui se réclament de l’adjectif catholique, les longues décennies de la contestation enfin, où les intellectuels peuvent être à la fois acteurs et contempteurs, parfois en première ligne, jusqu’à la crise de la République et la montée du berlusconisme qui divise une nouvelle fois les intellectuels.
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