Justice du dialogue et ses limites (La)
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Le point de départ de cette étude est l’examen du caractère expressément agonistique du Gorgias. En situant le dialogue de manière originale par rapport aux contemporains de Platon, en particulier Xénophon, et aux interprétations anciennes, notamment celle d’Olympiodore d’Alexandrie, et en s’appuyant sur une analyse textuelle attentive, l’ouvrage prend le contre-pied des principaux types d’interprétation du Gorgias, sur des points aussi fondamentaux que le statut de l’elenchos et de la rhétorique, sur le sens du paradoxe socratique, et sur la cohérence du dialogue, pourtant souvent contestée. Le livre défend ainsi plusieurs thèses essentielles à la pleine compréhension de la portée du Gorgias. Il montre comment la dialectique de Socrate comporte deux fonctions distinctes, selon le contexte et l’interlocuteur : réfuter et démontrer d’une part, persuader par des moyens extralogiques d’autre part. Socrate emploie en effet dans un sens à la fois conventionnel et philosophique les notions de correction, de rhétorique, de politique et de honte. Ainsi le livre montre comment la dialectique socratique dans le Gorgias se confronte à la rhétorique et à la politique véritables, auxquelles Socrate fait souvent allusion dans le dialogue.
L’échec dialectique final sur lequel s’achève le Gorgias révèle, comme nul autre dialogue platonicien, ce sur quoi porte précisément le conflit entre le discours et la vie du philosophe, soucieux de justice, et le discours et la vie du rhéteur-politique, avant tout préoccupé par le pouvoir et le plaisir. De l’étude de cette présentation et de ce diagnostic du conflit, se dégage ainsi la nature même des obstacles à la vie philosophique.
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