Au seuil des territoires
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Qui n’a pas connu, sinon intimement, du moins dans son entourage, l’injustice profonde et l’absurdité que constitue la mort d’un enfant? Qui n’a pas vécu ou été témoin de la souffrance immense et de la révolte que cette mort entraîne?
Avec ce deuxième recueil poétique, Au seuil des territoires, Sylvain Janneteau nous plonge dans la douleur de cette perte. La perte d’un enfant engendre la souffrance innommable d’un père qui parviendra un tant soit peu à l’atténuer, en la nommant justement. Elle provoque la rupture du couple, doublant la souffrance de l’homme, et l’errance de la mère qui cherche à remettre au monde sa fille, à retrouver sa propre énergie vitale. Dans la correspondance qu’elle entretient avec l’homme, on voit bien que l’exil n’apportera à cette femme que la conscience de son vide intérieur, de la présence de la mort dans tous tes paysages rencontrés, que le souhait d’une possible survivance, pour elle.
Ce voyage dans les contrées de la mort, où Sylvain Janneteau nous entraîne, nous laisse quelques consolations : la douleur est exclue de ces territoires et la petite disparue demeure vivante dans ceux, chaux et aimants, des vivants.
Les thèmes du deuil, de l’amour et du voyage s’enchevêtrent habilement et parviennent à tracer un récit emprunt d’humanité qui dépasse le vécu du poète et invite le lecteur à une réflexion sur la douleur de la perte.
On a dit de ce poète, à propos de son premier recueil Des feux en nous, qu’il « écrit à bout portant avec des mots rouges d’amour ». Même urgence ici « de vivre dans la débâcle des sentiments », d’assurer par « les sens demeurés en éveil », la résilience aux blessures de la perte. Au seuil des territoires est une œuvre à lire, de façon linéaire et de façon transversale, en suivant la disposition topologique des vers.
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