Mementos
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Les mementos rassemblés s’échelonnent de 1845 à 1873. On commence à peine à connaître Louise Collet autrement que comme muse de Flaubert et on la réduit le plus souvent au rôle de destinataire de la longue correspondance qu’il lui a adressée. Quant aux lettres de Louise, bien peu ont survécu. Cette correspondance à sens unique permet de connaître les positions de Flaubert sur la poésie et le lyrisme, sur sa conception de l’écrivain et de son rôle. Les idées de Louise Collet sont aux antipodes des siennes. Il est vrai que la production de Louise est inégale : c’est que les difficultés financières la conduisent à écrire trop et trop vite. Les articles, y compris de mode, la quête incessante et vaine pour se faire jouer au théâtre, le moyen le plus rapide pour un écrivain de gagner de l’argent, lui laissaient peu de temps pour la réflexion et la lenteur.
Ils témoignent aussi de la vie politique agitée de l’époque, du passage de la Royauté à la République puis à l’empire. Louise était engagée politiquement, ce qui explique en partie ses déboires au théâtre, ses pièces étant souvent jugées trop républicaines. C’était un personnage public, il suffit de lire les mementos consacrés au voyage en Angleterre de juillet 1851 pour constater que sa visite à Londres constitue une sorte d’événement. Elle fréquentait tout ce que Paris comptait d’écrivains et d’hommes politiques, ses chroniques permettent d’entrer dans leur histoire.
La publication de ces mementos permettra peut‐être de se faire une idée plus objective de la « belle créature d’amour », qui était avant tout une femme intelligente, cultivée, talentueuse, une femme d’exception. C’est ce qu’il est permis de souhaiter.
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