Image et médium
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Non seulement toute image physique a un médium, mais l’image, pour peu qu’elle renvoie à ce qui est sans image, est un médium. Médée est précisément la figure de la médiation entre les vivants et ce dont il ne peut y avoir d’image.
La notion de médium, prise en ses deux sens, se trouve placée au centre de cet ouvrage. D’une part, en tant qu’il concerne les supports et leurs inscriptions, le médium des artefacts visuels traditionnellement considérés comme des « images » (tableaux, dessins, estampes, photographies, films…) requiert d’être interrogé à partir de la condition définitoire de ce qui fait image : s’il n’y a jamais d’image que de quelque chose et pour quelqu’un, le seul degré d’existence de ce que l’on appelle « l’image » est celui d’un artefact théorique, déduit des modes d’existence empiriques qui sont ceux des objets iconiques et, le cas échéant, des processus mis en jeu par la perception optique et les états mentaux.
À l’ère de la reproduction, « l’image » n’existe qu’en tant qu’artefact iconique d’un certain type, en l’occurrence photographique, de sorte que la reproduction photographique (l’image, donc) de ce qui n’est pas une image (une peinture abstraite) est une image.
D’autre part, en son second sens, le médium désigne une personne dotée de pouvoirs suprasensibles lui permettant de communiquer avec les esprits. C’est précisément parce qu’ils se situent au confluent de ces deux grandes déterminations (à quoi l’image renvoie-t-elle et par quels moyens ?) que les textes de Pascal Quignard peuvent nous éclairer sur les pouvoirs qui sont ceux de l’image.
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