Bougeotte, nouveau mal du siècle? (La)
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Si ce livre a été écrit avant l’épidémie de COVID-19, le parallèle entre la pandémie actuelle et l’hypermobilité contemporaine est saisissant. Pour Laurent Castaignède, il est temps de s’interroger sur les conséquences sanitaires et sociales dramatiques de ce nouveau mal du siècle. Ce phénomène planétaire, qui s’est répandu tel un virus, porte un nom, c’est la « bougeotte » que le dictionnaire Robert définit par « manie de bouger ; envie, habitude de se déplacer, de voyager ».
Tel un médecin épidémiologiste, Laurent Castaignède analyse cette maladie moderne, fruit du développement à outrance de moyens de transports qui promettaient confort, bonheur et liberté. Depuis les premiers symptômes jusqu’à sa prolifération, la bougeotte est devenue un mal sournois dont il est difficile de se défaire, tant à l’échelle individuelle que collective, emprisonnés que nous sommes dans un système qui y trouve par ailleurs un grand intérêt économique. Dans cette brève enquête sur ses origines historiques, techniques et sociologiques, l’auteur analyse les vecteurs qui ont permis sa prolifération. Fièvre du rail, avionite aigüe, croisières, autobésité, il passe au crible tous les moyens de transport. Filant la métaphore épidémique jusqu’au bout, Castaignède tente de proposer des palliatifs à la bougeotte, si tant est que l’on puisse en guérir un jour prochain.
Cette hypermobilité trouve son ressort épidémique dans la frénésie de multiples déplacements urbains, inter-urbains, jusqu’aux plus longues distances en avion. Malgré les sonnettes d’alarme climatiques sur l’impact des transports sur l’environnement et sur les émissions de GES, le tocsin de l’alerte internationale sonne chaque année plus creux.
Si les transports sont un puissant moteur économique (échanges commerciaux et construction de nouvelles infrastructures), la viabilité écologique et sociale du développement d’une telle offre de mobilité sur le long terme doit désormais peser dans la balance. Et de puissants lobbys attisent sans cesse la maladie en incitant à étendre les réseaux, les moyens mobiles et la consommation de masse de produits de toutes origines, tout en continuant de proposer un surcroît de déploiement technologique pour combattre ces effets délétères
Le sentiment d’émancipation de l’hypermobilité, nourri d’efficacité technique, alimente un foisonnement de moyens désormais victimes de leur succès. C’est cette tension entre transports et liberté que l’auteur d’Airvore ou la face obscure des transports analyse avec brio. Il montre bien qu’en transformant une simple envie ou besoin de se déplacer, la bougeotte est devenue une maladie d’époque de caractère mondial qu’il est temps d’endiguer.
Laurent Castaignède est ingénieur diplômé de l’École Centrale Paris. Après avoir oeuvré pendant près de 10 ans chez un grand constructeur automobile, il a fondé BCO2 Ingénierie, spécialisé dans l’analyse environnemental des projets de bâtiments et de transports. Depuis la parution de son essai, Airvore ou la face obscure des transports, il est un expert invité régulièrement dans les médias sur les questions de transports.
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