Division Street
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Chicago, 1965. Le souvenir de la Grande Dépression et de la Seconde Guerre mondiale n’est pas loin. Celui de la crise de Cuba encore moins. Le Vietnam est un désastre. Le mouvement pour les droits civiques obtient ses plus grandes victoires au prix de luttes acharnées. Chicago, ville gangrénée par la corruption, la mafia et les inégalités sociales, est bouleversée par les plus grands réaménagements urbains de son histoire.
Ceci n’est pas un polar, mais le premier livre d’entretiens de Studs Terkel. Armé de son enregistreur, le journaliste capte la parole de la piétaille au gré de ses rencontres et de ses errances dans les bars, les rues et les taxis, de part et d’autre de Division Street, artère de Chicago qui symbolise pour lui les divisions politiques, sociales et culturelles de l’Amérique. Il prend ainsi la température de sa ville, et nous offre un instantané saisissant des années 1960 aux États-Unis.
Vietnam, communisme, bombe atomique, racisme, pauvreté, transformation du travail par l’automation, syndicats corrompus, spéculation immobilière et expropriations, déliquescence du lien social : c’est une Amérique rongée par le doute, la peur et l’impuissance que nous donne à voir ici Terkel.
L’impression de fin du monde imminente d’une société au bord du gouffre, qui domine ces quelque soixante-dix entretiens, préfigure peut-être aussi, paradoxalement, les transformations profondes que connaîtront bientôt les sociétés occidentales au cours des années 1968.
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