Santé: l'heure des choix
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Claude Castonguay, qu’on surnomme « le père de l’assurance-maladie » au Québec, s’inquiète de la performance et de la pérennité de notre système de santé public. Malgré l’injection massive de ressources financières, passant de 18 à 31 milliards entre 2003 et 2012, les problèmes d’accès et de qualité des soins que vivent les Québécois demeurent inacceptables. Dans son livre Santé : l’heure des choix, publié aux Éditions du Boréal, Claude Castonguay analyse en profondeur la situation, identifie les sources du malaise et propose un plan d’ensemble pour améliorer la performance de notre système public en termes d’accessibilité, de qualité des soins et de contrôle des coûts.
Notre système de santé sert la population sans interruption, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine, sur l’ensemble du territoire. Il est tellement vaste qu’il génère pas moins de 10% de l’activité économique au Québec et 12,9% de l’emploi. Il ne s’est pas adapté au changement; il se situe parmi les moins performants au Canada et se classe au 23e rang sur les 34 pays membres de l’OCDE. Notre système public de santé ne se porte pas bien et il n’est pas exagéré de qualifier la chaîne des soins de dysfonctionnelle.
Claude Castonguay a identifié les aspects sur lesquels il faut agir de façon prioritaire, notamment :
· L’accès en sécurité à des soins de qualité
La mise en place en priorité d’une première ligne et des soins à domicile efficaces. Les urgences des hôpitaux doivent cesser d’être la porte d’entrée dans le système.
· Une gouvernance efficiente du système
La gouvernance doit être allégée et simplifiée. Suite à la création des CSSS, les agences n’ont plus leur raison d’être sauf dans la région métropolitaine de Montréal.
· Une réforme de la rémunération
Une réforme en profondeur de la rémunération des médecins de famille conformément aux objectifs du système est essentielle. Un mode mixte de rémunération, capitation et paiement à l’acte, doit être introduit.
· Une révision du rôle des infirmières
Le rôle des infirmières sur les plans prescription et soin doit être valorisé et élargi. Leurs conditions de travail doivent être améliorées.
· La performance des hôpitaux
Une évaluation de la performance des hôpitaux doit être effectuée et les résultats diffusés largement. Les patients ont le droit d’être informés à cet égard.
· Le droit à la santé
Les droits des personnes en matière de santé doivent être précisés et protégés. Ils doivent être inscrits dans une charte du droit à la santé.
· Le financement du système
Le problème ne consiste pas à injecter plus d’argent dans le système mais plutôt d’accroître la productivité et la performance du système. Vue sous cet angle, la cotisation santé n’a pas sa raison d’être et devrait être abolie dès que l’équilibre budgétaire aura été atteint.
Au terme de son analyse, Claude Castonguay présente treize propositions publiées en annexe. Il est profondément convaincu qu’elles permettraient de relancer notre système de santé et de services sociaux tout en freinant significativement la croissance des dépenses publiques en santé. L’auteur insiste sur le fait que son livre ne traite pas du secteur privé.
« Lorsqu’il a pris la forme qu’on lui connaît, au début des années 1970, notre système de santé faisait figure de pionnier, a tenu à préciser Claude Castonguay. La politique que nous avions énoncée était perçue comme avant-gardiste. Elle avait pour objectif général d’améliorer l’état de santé de la population par l’instauration d’une médecine globale basée sur la personne, et de créer un régime d’assurance maladie universel couvrant des soins efficaces et de qualité pour tous les citoyens, sans égard à leurs revenus. »
La survie du système de santé est primordiale pour les citoyens. Pour cela, un plan d’ensemble de redressement s’impose. L’époque des changements ad hoc en réaction à des crises est révolue. L’heure des choix a sonné.
Claude Castonguay a été l’architecte du Régime de rentes du Québec. Il a présidé une Commission d’enquête sur la santé et le bien-être social de 1966 à 1970. Il a été notamment ministre de la Santé et ministre des Affaires sociales dans le gouvernement Bourassa de 1970 à 1973. Il a été de 1977 à 1990 président du Groupe La Laurentienne. À la demande du gouvernement du Québec, il a présidé le comité d’experts sur l’assurance-médicaments (1995-1996) et le Groupe de travail sur le financement de la santé (2007-2008). Il a publié Mémoires d’un révolutionnaire tranquille (Boréal, 2005).
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