Marx à rebours
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Il est temps de séparer l’intelligence de Marx de son activisme révolutionnaire. Cet activisme a justifié assez de violence pour être renvoyé au passé qu’il mérite. En revanche, l’intelligence de Marx demeure l’un des seuls moyens de comprendre l’irréalité contemporaine. Il y a un parti de l’intelligence à l’œuvre dans les analyses du Capital qu’aucune déviation historique ne peut faire oublier. Une fois délivrée des prophéties faciles, l’analyse marxienne retrouve sa place au milieu des grandes analyses du fait social, entre Aristote et Hegel. Elle en prolonge jusqu’à nous les lois les plus profondes car elle touche au lien entre Dieu et l’or, entre la religion et l’idolâtrie. Ce Marx pris à rebours de ses interprétations communes ne pouvait être un Marx protégé derrière des prétextes érudits ou des raisons militantes. Il est celui des mythologies et des catastrophes annoncées, le Marx qui ne cesse de revenir au rythme de peurs qui n’ont pas encore de nom. Le Marx de notre temps vit au rythme des épreuves encourues par la terre et c’est pourquoi il est aussi troublant que clairvoyant. Mais avec ses dialectiques engagées au plus près de la fièvre de l’or et des fétiches de la mondialisation, il poursuit le dessein totalisant de la philosophie, philosophie du claireobscur qui n’a plus rien de commun avec les exercices frileux et autoritaires qui revendiquent ce nom. Après Métaphysique de la destruction (Peeters, 2012), Bruno Pinchard met à l’épreuve les conclusions de sa relecture de Hegel. Elles paraissent dans toute leur force au cœur même de l’actualité et légitiment le maintien d’une perspective métaphysique dans la philosophie contemporaine. Bruno Pinchard est professeur à l’Université de Lyon et directeur de l’Ecole doctorale de philosophie dans la Région Rhône-Alpes.
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