Poste à relais en Eurasie (La) [nouvelle édition]
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L’information, sa maîtrise et sa vitesse de circulation ont toujours été des préoccupations centrales pour les Etats. Au XIIIe siècle, les Mongols conquièrent la Chine, ils y empruntent le système impérial de relais de poste et le diffusent dans l’ensemble des territoires conquis : Asie centrale, Russie, Iran et Iraq. Ce service postal leur permet de transporter rapidement toutes sortes d’informations stratégiques. Quand ils envahissent la Syrie et la Palestine, ils y installent un réseau de relais de poste. En septembre 1260, les armées mongoles sont battues à ‘Ayn Jâlut (Palestine) par les troupes du sultanat mamelouk, qui empruntent ce système mongol de relais de poste pour l’installer dans tout l’espace syro-égyptien. Puis, vers la fin du XIVe siècle, le Duché de Milan semble s’inspirer de ces systèmes postaux du Moyen-Orient ou d’Asie pour créer sa poste à relais. Mais en Europe, la poste connaîtra une transformation qui aura des conséquences politiques et culturelles singulières: L’Etat mettra son service postal, contre paiement, à la disposition des particuliers. Dès lors, la poste transportera des correspondances privées où s’exprimeront les soucis, les émotions, les dénonciations, les projets de tout individu et ainsi, l’institution postale participera, à un certain degré et à sa manière, à la formation du sujet moderne.
Didier Gazagnadou est Professeur d’anthropologie à l’université Paris VIII (Département de sociologie), spécialiste du Moyen-Orient arabe et iranien et des diffusions techniques et culturelles en Eurasie. Il a été conseiller culturel de l’ambassade de France aux Emirats Arabes Unis de 2007 à 2010. Il est membre de l’UMR CNRS 7218 et du réseau de recherche: Anthropologie comparative des sociétés musulmanes du Laboratoire d’Anthropologie Sociale.
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