Cette publication présente l’arborescence d’une carrière de presque 50 ans. Peintre, dessinateur et graveur tout en étant scrutateur de l’invisible, Paul Béliveau est aiguillé par sa passion pour l’Histoire qui enrichit sa vie et son œuvre. Sa capacité à discerner les courants philosophiques, spirituels, culturels et artistiques, autant que les mouvements politiques et écologiques, fait de lui un sismographe sensible aux moindres vibrations qui se manifestent dans le monde. Il s’imbibe de la beauté de la nature, de son ordre et de ses mystères et s’inspire de tous les éléments qui composent sa grandeur et suscitent sa fascination. Il renouvelle ainsi les codes classiques de l’art par une approche résolument contemporaine mettant en avant-plan la perte des repères culturels, la fragilisation du savoir et la valeur symbolique de l’archive.

Au fil des décennies, les différentes séries de Béliveau ont révélé tout le fruit de ses réflexions à travers des mises en scène parfois déroutantes : pensons ici aux projets Les Apparences, Captures, Homo Homini Lupus Est, Les Autodafés ou Drone. La peinture devient pour lui un acte de résistance aux enjeux de société tout comme une ode à la célébration constatée entre autres dans la grande série Vanitas.

Par une observation constante et lucide du monde dans lequel il vit, et par ses talents exceptionnels de dessinateur, peintre et concepteur, Paul dompte et ravive les échos d’une humanité complexe soumis à une histoire se répétant éternellement. Ces œuvres nous rappellent dès lors à quel point la mémoire est une faculté qui oublie et ses tableaux deviennent une lumière qui s’infiltre dans une faille prouvant ainsi que rien n’est perdu, pourvu que l’on soit vigilant et ouvert à l’émerveillement.

« En intégrant ouvertement dans ses compositions une iconographie du passé, en procédant par citation et rétrospection, il révèle le phénomène de métamorphose sur lequel se fonde l’imaginaire. Il expose ainsi les principes de la mécanique créative. L’imagination, qui consiste en quelque sorte dans le transfert d’une représentation sensible sur une image appartenant à une réalité autre, se voit de cette façon nettement exhibée. Ce n’est donc pas l’image elle-même qui confère à l’oeuvre de Béliveau son originalité mais bien sa construction particulière. Par-delà son rapport au temps, son oeuvre constitue une vaste réflexion sur l’art et l’imaginaire. » (Dany Quine, L’œuvre du temps)

NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.