
Shobogenzo sangai yuishin
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Dogen écrit ce texte alors qu’il vient de s’exiler en 1243 loin de
Kyoto, de ses débats et combats entre écoles rivales, de la violence et
de l’insécurité qui y règnent, pour s’installer dans les montagnes du «
nord du nord » du Japon. Il y restera jusqu’à la veille de sa mort
survenue en 1253.
Cet exil marque une rupture dans son action et dans
sa pensée : entouré de ses élèves, il dirige la construction du grand
monastère de Eihei-ji | il formalise la gouvernance de la communauté des
moines, bien décidé à revenir au coeur du bouddhisme : une vision du
monde où nous vivons, un monde ouvert, sans clôtures ni divisions, où
jouent le manifeste et le secret, le connu et l’inconnu, le dit et les
non-dits.
Il rétablit le « triple monde », une notion de la
scolastique, dans son état premier qui est le monde où vivent tous les
êtres appartenant aux règnes d’existence, l’animal, le végétal et le
minéral, en invoquant le « coeur », sans lequel les trois mondes
n’existeraient pas. Le « coeur » n’est ni l’esprit, ni le mental, ni la
conscience, ni l’âme apposée ou opposée au corps, mais ce lieu non
substantiel, complexe, changeant qui noue et dénoue en réponse aux
choses et aux événements, qui se résout dans l’universelle vanité.
Fidèle
à son style, dense et hétéroclite, alliant des éléments autochtones
(langue et sensibilité japonaises, traces de son éducation classique) à
des emprunts extérieurs (chinois des sutras, chinois parlé, expressions
vernaculaires apprises dans les monastères du continent), il expose
l’unité du « triple monde » et du « coeur ».
La
traduction française de Charles Vacher, affranchie d’une stricte
littéralité, se veut fidèle et en langage simple. Ses nombreuses
annotations éclairent le lecteur et lui permettent d’accompagner Dogen
dans sa pensée.
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