Mémoire vocale : 200 poèmes allemands
Mémoire vocale : 200 poèmes allemands
Du huitième au vingtième siècle stockés et modérés par Thomas Kling
Collectif  
Kling, Thomas (Compilé par) 
Cassagnau, Laurent (Traduit par) 
Galateau, Aurélien (Traduit par) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042567
  • Code Dimedia : 000230771
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Poésie
  • Pages : 320
  • Prix : 46,95 $
  • Paru le 27 mars 2023
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EAN: 9782877042567

En 2001, l’éditeur DuMont Verlag pose à Thomas Kling la question suivante : « De quels poèmes en langue allemande avons-nous besoin en ce début de siècle? » C’est en tant que réponse à cette question qu’il faut lire le choix présenté ici : une sélection de poèmes indispensables pour le poète qu’est Thomas Kling, non une anthologie de plus. Mémoire vocale a valeur de programme poétologique : des formules magiques de Mersebourg aux poètes et poétesses d’aujourd’hui, sont présentés ici des textes destinés à mettre en valeur toutes les ressources qu’offre l’allemand sur une dizaine de siècles, dans la diversité de ses registres : langue incantatoire, jargons et hybridations telles que le rotwelsch, l’argot des classes marginalisées, mêlé d’allemand, de néerlandais et de yiddish et parlé surtout dans l’ouest de l’Allemagne, qui a toujours fasciné le Rhénan qu’était Kling. Si la plupart des noms attendus sont présents (Bachmann, Brecht, Celan, Goethe, Hölderlin, Jandl, Nietzsche, Novalis, Rilke…) Il s’agit là d’un choix singulier, à contre-pied du canon littéraire, notamment par la place limitée faite à la tradition classique et romantique, mais qui offre une part belle à la poésie du Moyen Âge, aux audaces de la poésie « baroque », à la diversité inventive des écritures modernes et contemporaines.
 
Celui pour qui le poème est « instrument optique et acoustique de précision qui provient et se met au service de la perception, la perception exacte de la langue » assume ici la subjectivité d’un choix moins de poètes que de textes admirés, ce qui peut expliquer les surprises que réserve Mémoire vocale : la poétesse d’origine juive Gertrud Kolmar, morte en déportation, est placée dans l’immédiat voisinage de Josef Weinheber, un poète autrichien controversé en raison de sa collaboration avec le régime nazi; Hans-Magnus Enzensberger, dont Thomas Kling n’a jamais fait mystère du peu d’intérêt qu’il portait à sa poésie de « gardien de musée », est représenté, alors que Nelly Sachs, lauréate du Prix Nobel de littérature en 1966, ne l’est pas. De même l’Autrichien Hugo von Hofmannsthal, qui a été un représentant important du symbolisme allemand, est absent de cette anthologie, Kling lui préférant son ami Rudolf Borchardt, un strict formaliste, théoricien d’une « Restauration créatrice » nourrie d’Antiquité et de classicisme. Si « mémoire vocale » n’échappe pas au statut de « haie hégémonique » propre à toute anthologie, en ce qu’elle fixe et valorise un corpus par délimitation d’un jardin clos dans lequel s’épanouit un choix de fleurs, il importe de replacer ce florilège dans le contexte de la poétique de Kling qui considère que « la poésie procède du flux de données, elle est – si elle réussit, si elle fonctionne –, un flux dirigé de données et déclenche un tel flux chez le lecteur ». C’est à la reconfiguration d’un tel flux dynamique que travaille Mémoire vocale.

AUTEUR(S)

Né en 1957 près de Francfort, Thomas Kling passe son enfance à Düsseldorf où son grand-père lui fait découvrir les poètes expressionnistes. Héritier de la poésie expérimentale viennoise (en particulier Friederike Mayröcker et Reinhard Priessnitz), contemporain des grands artistes de Düsseldorf (Joseph Beuys, Blinky Palermo, Sigmar Polke), témoin des concerts punk du Ratinger Hof, il est la figure de proue du renouveau de la poésie allemande à l’heure de la Réunification. Son approche radicale de l’oralité poétique et l’ambition de ses recherches formelles lui valent une reconnaissance rapide dans les années 80. Ses poèmes, qu’il qualifie d’« installations linguistiques », entrelacent instantanés intimes et plongées vertigineuses dans les strates linguistiques du passé, et sont ancrés dans un présent dont ils cherchent à préciser le sens. Également éditeur d’anthologies et traducteur, Kling s’efforce de faire connaître et revitaliser des pans entiers de la littérature (de la poésie latine à l’avant-garde viennoise en passant par l’époque baroque). En 1995, il déménage avec sa compagne Ute Langanky dans l’ancienne base militaire de l’OTAN à Hombroich, dont il pilote la reconversion en centre artistique, et qui deviendra ensuite la Thomas Kling Archiv. Il installe son bureau rempli d’archives dans le mirador et compose ses derniers grands recueils. Il meurt en 2005 d’un cancer du poumon. Considéré comme un poète majeur en Allemagne, il a obtenu le prix Else Lasker-Schüler en 1994, le prix Peter Huchel en 1997 et le prix Ernst Jandl en 2001.




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