Itinéraire
Itinéraire
Kling, Thomas  
Galateau, Aurélien (Traduit par) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042550
  • Code Dimedia : 000230767
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Poésie
  • Pages : 64
  • Prix : 29,95 $
  • Paru le 27 mars 2023
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EAN: 9782877042550

Cet essai constitué de 7 textes rassemblés par Thomas Kling en 1997 est à la fois un itinéraire du poème à travers les âges et un itinéraire personnel à travers la propre poétique de Kling. Héritier de l’avant-garde poétique du groupe de Vienne et des performances de Konrad Bayer ou Oswald Wiener, des expérimentations de Reinhard Priessnitz dans les années 70 ou des mouvements punks de Düsseldorf, dans les années 80, Kling remonte dans cet « Itinéraire » un chemin poétique qui serpente entre l'ethnologie, l'étymologie et l'histoire, allant de Hermès Trismégiste au slam contemporain.
 
Kling thématise le lien entre ces mouvements d’avant-gardes et un retour aux traditions orales qui précèdent l’écriture. Il n’est pas qu’un enfant des écoles expérimentales, et rejette d’ailleurs le terme de « poésie expérimentale » : il est l’historien du poème, de Horace à Goethe, de Rabelais à Mallarmé, de la langue aléatoire de Khlebnikov à Fluxus en passant par le dadaïsme. Kling puise aux sources de l’oralité poétique, de l’argot, des dialectes, de l’intégration de matériaux non-littéraires et met au jour une conception cosmopolite du langage. Le poème pour Kling est polyglotte, ouvert à l’altération, la déformation, la saturation, le collage. Le slang, le rotwelsch, les langues populaires sont pour lui des réservoirs, des « matières linguistiques fécondes », des moyens de transgression, à l’inverse d’une langue qui serait close et isolée.
 
Remonter les sources, « prolonger les lignes de tradition poétique », établir une archéologie du langage, telle est la matrice klingienne. Ouvrir le corps de la langue, la soumettre à l’étude, la décomposer pour la reconstruire : la poésie de Kling est un monstre de Frankenstein, une chose hybride et bouleversante qui questionne les origines pour révéler les composantes chimiques du temps présent. En opposition à la « poésie quotidienne sinistre et pensive » et au « revival beatnik », il revendique une posture histrionique héritée de la tradition des comédiens pantomimes de l'antiquité, que l’on retrouve aussi dans le théâtre chinois ou les lectures masquées du poète Hugo Ball dans les années 1920. La poésie ne doit pas pour autant devenir une industrie du divertissement, ni tomber dans l’hermétisme, elle est au contraire « un acte mémoriel » qui traverse l’histoire, et dont Kling nous lance la grenade dégoupillée au visage. Itinéraire est un livre éclairant sur les questions sans cesse renouvelées du fond et de la forme, de l’intégrité du texte, des tensions entre oralité et écriture, et une porte d’entrée remarquable dans l’œuvre d’une des plus importantes figures de la poésie allemande du dernier demi-siècle.

AUTEUR(S)

Né en 1957 près de Francfort, Thomas Kling passe son enfance à Düsseldorf où son grand-père lui fait découvrir les poètes expressionnistes. Héritier de la poésie expérimentale viennoise (en particulier Friederike Mayröcker et Reinhard Priessnitz), contemporain des grands artistes de Düsseldorf (Joseph Beuys, Blinky Palermo, Sigmar Polke), témoin des concerts punk du Ratinger Hof, il est la figure de proue du renouveau de la poésie allemande à l’heure de la Réunification. Son approche radicale de l’oralité poétique et l’ambition de ses recherches formelles lui valent une reconnaissance rapide dans les années 80. Ses poèmes, qu’il qualifie d’« installations linguistiques », entrelacent instantanés intimes et plongées vertigineuses dans les strates linguistiques du passé, et sont ancrés dans un présent dont ils cherchent à préciser le sens. Également éditeur d’anthologies et traducteur, Kling s’efforce de faire connaître et revitaliser des pans entiers de la littérature (de la poésie latine à l’avant-garde viennoise en passant par l’époque baroque). En 1995, il déménage avec sa compagne Ute Langanky dans l’ancienne base militaire de l’OTAN à Hombroich, dont il pilote la reconversion en centre artistique, et qui deviendra ensuite la Thomas Kling Archiv. Il installe son bureau rempli d’archives dans le mirador et compose ses derniers grands recueils. Il meurt en 2005 d’un cancer du poumon. Considéré comme un poète majeur en Allemagne, il a obtenu le prix Else Lasker-Schüler en 1994, le prix Peter Huchel en 1997 et le prix Ernst Jandl en 2001.




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