Délivrez-nous de la prison Leclerc!
Délivrez-nous de la prison Leclerc!
Une ex-détenue témoigne
Henry, Louise  
Lemonde, Lucie (Préface de) 
Chesnay, Catherine (Préface de) 
  • Éditeur : Écosociété
  • Collection : Parcours
  • EAN : 9782897197872
  • Code Dimedia : 000224718
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Criminologie / Criminalité, Femmes / Féminisme, Histoire - Québec / Canada, Politique - Québec / Canada, Sociologie / Anthropologie
  • Pages : 134
  • Prix : 20,00 $
  • Paru le 2 mai 2022
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EAN: 9782897197872

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« Cette histoire n’est pas facile à raconter pour moi, mais je dois dénoncer la situation que vivent les femmes à la prison Leclerc afin que l’on prenne conscience des problèmes de droits humains qui ont cours dans cet établissement carcéral de Laval et qui poussent parfois certaines détenues à commettre des gestes irréparables.»

Mai 2021. Un femme se suicide à la prison Leclerc. Une de plus. Quelques jours auparavant, la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbeault, avait déclaré à l'Assemblée nationale que « c'est normal que la détention soit difficile ». Elle réagissait ainsi à une lettre cosignée par plus de 1 000 personnes et de nombreuses associations de défense des droits humains pour dénoncer les conditions de vie déplorables à la prison Leclerc.
            Louise Henry en sait quelque chose. Elle a été incarcérée « au Leclerc » pendant 11 mois. Révoltée par le piètre état des installations, le manque de services de base et le non-respect des détenues, elle a depuis embrassé la cause. Maintenant, sa vie, elle la consacre à défendre les droits des femmes en prison. « Comme société, n’avons-nous pas la responsabilité de les soutenir et de les aider? écrit-elle. Ces femmes ont des droits comme tous les autres citoyens. On pense souvent que la prison, ça n’arrive qu’aux autres, mais il ne faut pas oublier que les autres, c’est nous aussi! »
            D'abord, il faut savoir que la prison Leclerc est un établissement fédéral pour hommes à haute sécurité que l’ancien premier ministre du Canada, le conservateur Stephen Harper, avait décidé de fermer en 2012 en raison de sa vétusté. Le bâtiment a finalement été loué deux ans plus tard par le gouvernement du Québec, qui cherchait alors à désengorger les prisons pour hommes de la région de Montréal. Puis, en 2016, ce sont les détenues de Tanguay qui y ont été transférées. « Waw, la belle affaire! s'indigne Louise Henry. Si je comprends bien, le fédéral trouve que l’établissement Leclerc n’est pas assez bien pour les hommes, mais le provincial, lui, le juge assez bien pour les femmes. Ah oui, c’est vrai : c’est seulement pour un certain temps, à ce que l’on dit. »
            Que ce soit l’eau potable, le chauffage, la plomberie, la malpropreté extrême, les fouilles à nu excessives, les visites annulées par manque de personnel, l’accès à un téléphone et à l'infirmerie, la nourriture qui parvient aux détenues soit trop tard, soit pas du tout, le manque général de ressources, d’humanité, d’empathie... Louise Henry a envie de le crier sur tous les toits: la liste des problèmes est longue, à la prison Leclerc! « On se sent seules au monde et rejetées par la société pour avoir commis un crime qui n'est souvent qu'une simple question de survie ou de bris de conditions, poursuit l'ex-détenue. Alors pourquoi en faire un cas d’inégalité des sexes, hein!? »
            Poser la question, c'est y répondre. En 2016, un comité de travail avait déjà informé le gouvernement que les infrastructures de l’établissement Leclerc ne pouvaient pas répondre adéquatement aux besoins particuliers des femmes incarcérées. Ni à moyen ni à long terme. Mais depuis, rien n'a bougé. « Ces femmes ont été jetées là comme de vulgaires ordures, des déchets de la société, dans cet endroit où les autorités pensaient qu’on les oublierait. Mais le gouvernement ne savait pas que nos voix s'élèveraient, car, depuis ce temps, nous avons multiplié les plaintes auprès du Protecteur du citoyen ainsi que dans les médias », poursuit Louise Henry.
            Comme l'a déclaré le député solidaire Alexandre Leduc au Devoir, la prison Leclerc est une « véritable honte pour le Québec ». « En tant que société, nous devons trouver des moyens pour que les crimes mineurs soient punis de manière à ce que la réhabilitation des détenues soit possible. Délivrez-nous de la prison Leclerc! » conclut Louise Henry. C'est une question de dignité humaine.
 

AUTEUR(S)

Ex-détenue de la prison Leclerc, Louise Henry est membre de la Coalition d'action et de surveillance sur l'incarcération des femmes du Québec (CASIFQ), qui regroupe notamment la Ligue des droits et libertés, la Fédération des femmes du Québec et le Centre des femmes de Laval.
 




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