Planète en ébullition
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Perforer un pipeline, est-ce violent ? Est-ce que les fleuves devraient avoir des droits ? Qui sont les grévistes du climat ? Comment repenser complètement notre rapport à la nature et notre éthique de responsabilité ?
La planète chauffe. Mais le monde n’est en est pas moins en pleine ébullition. Une révolution, inédite et d’une dimension planétaire, est en cours.
Dans une synthèse aussi remarquable que stimulante, Laurence Hansen-Løve fait la cartographie de cette révolution planétaire, dont les accents écologistes et féministes sont susceptibles de nous faire basculer dans un monde aux fondations plus pérennes. Révolution au long cours contrairement aux révolutions politiques des derniers siècles, elle se déploie aux quatre coins du globe. Hansen-Løve nous fait découvrir les écrits et actions d’intellectuels engagés, de juristes éclairés, de militants écologistes, d’activistes du climat ou d’écoféministes déterminées, d’Alexandria Ocasio-Cortez à Naomi Klein, en passant Greta Thunberg et ses émules de grévistes du climat aux Philippines, en Inde, en Ouganda ou au Cambodge. À travers eux et elles, c’est tout un nouveau rapport au monde qui s’exprime, et un réel sens de la responsabilité – telle que l’a d’abord théorisé Hans Jonas – qui prend forme.
Pour l’autrice, des penseurs inspirants comme Spinoza, Lévi-Strauss, Jonas, Arendt, Stengers, Beauvoir, Leopold, Benjamin ont été, chacun.e à leur façon, des avertisseurs d’incendie, sonnant l’alarme sur le domination cartésienne de l’humain sur la nature. Dans un dialogue constant avec eux, Laurence Hansen-Løve fait état des grands courants qui traversent aujourd’hui la pensée écologiste (écologie profonde, animalisme, écoféminisme, etc.). Pour elle, le traitement différentiel accordé à la crise climatique par rapport à la crise sanitaire est révélateur. Nous aurions tout intérêt à tirer les leçons qui s’imposent de la crise de la Covid-19 et se « préparer au pire » au niveau climatique, surtout lorsque les zoonoses et les pandémies sont appelées à se multiplier dans les prochaines décennies. Explorant les différentes formes de résistance à la destruction du monde en cours, elle discute de l’enjeu de la violence et de la désobéissance civile, allant jusqu’à poser la question : perforer un pipeline, est-ce violent ? Elle porte une attention particulière à la balbutiante révolution juridique appelée à bouleverser notre rapport à la nature et au vivant, où des fleuves se sont vus reconnaître des droits au nom de la protection du vivant. Une révolution juridique qui l’amène à réfléchir à la notion de responsabilité dans un contexte d’effondrement. Finalement, et puisqu’il s’agit d’une dimension capitale de la révolution planétaire en cours, elle montre l’apport qu’y joue le féminisme en général et l’écoféminisme en particulier.
Planète en ébullition est à la fois un brillant exercice de synthèse des forces sociales à l’œuvre dans le monde pour la défense de la planète, notre seule demeure, et un éclairant exercice de prospective pour nous aider à figurer les tendances à venir. Une lecture nécessaire, porteuse d’espoirs et d’actions, pour stimuler les réponses à l’urgence climatique.
Laurence Hansen-Løve est professeure agrégée de philosophie, elle a enseigné à Sciences-Po Paris et est actuellement chargée de cours à l’Institut privé de préparation aux études supérieures (IPESUP). Elle est l’auteure de nombreux ouvrages, dont La violence. Faut-il désespérer de l’humanité? (Du retour, 2020), Oublier le bien, nommer le mal ; une expérience morale paradoxale (Belin, 2016), Cours particulier de Philosophie. Questions pour le temps présent (Belin, 2006) ou encore La philosophie comme un roman (Hermann, 2014). Elle est aussi coordinatrice de l’ouvrage La pratique de la philosophie de A à Z (Hatier, 1996).
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