Liberté, no 333
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Dans ce dossier, des textes de :
Lucie Lemonde
Catherine Lavoie-Marcus et Camille Bonenfant
Rémy-Paulin Twahirwa
Tommaso Mandredini
Anne-Marie Boucher
Louise Henry
L’enfermement, comme logique et comme relation, n’a bien sûr pas de murs. Si la prison est l’élément central de cette logique, si elle en représente la forme la plus visible et tangible, elle ne témoigne pas, à elle seule, de ce que l’on pourrait appeler l’organisation carcérale de l’espace et du temps. La prison est devenue, avec le développement du capitalisme, une solution spatiale, économique et politique de premier plan pour « gérer » les populations considérées comme excédentaires ou indésirables. Dans le court essai Abolition Geography and the Problem of Innocence, la militante et géographe Ruth Wilson Gilmore écrit (nous traduisons) : « La prison moderne est l’institution centrale des géographies carcérales aux États-Unis comme ailleurs, mais elle ne les définit pas exclusivement; ces géographies se manifestent aussi à travers les stratégies régionales d’accumulation, les bouleversements, les immensités et les fragmentations qui se reconfigurent dans l’espace-temps (même si les coordonnées géographiques restent les mêmes) afin de permettre un autre cycle d’accumulation. »
Nous proposons donc de poser un certain regard – forcément partiel, fragmenté – sur les lieux et les moments de l’enfermement au sein de nos sociétés. La crise sanitaire semble avoir taillé une brèche, ouvert un espace pour critiquer ces lieux et ces moments. Or cette critique apparaît d’autant plus importante considérant l’imminence de la crise climatique et l’intensification prévisible des mécanismes de contrôle et de répression des populations. Il est urgent d’apprendre à connaître et à reconnaître les géographies de l’enfermement telles qu’elles se déploient ici et maintenant, afin de mieux les défaire dans l’avenir.
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