Vraie vie de Patrick Rodriguez (La)
Vraie vie de Patrick Rodriguez (La)
Martinez, Frédéric  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251452098
  • Code Dimedia : 000220883
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature étrangère, Littérature française
  • Pages : 300
  • Prix : 35,95 $
  • Paru le 27 septembre 2021
  • Plus d'informations...
EAN: 9782251452098

Table des matières

1. Le rêve
2. La proposition
3. les sirènes
4. Le point virgule
5. Le printemps n'est plus ce qu'il était
6. Dans la bibliothèque
7. Pour un coeur qui s'ennuie
8. Conversation
9. Tentation ou Patrick Rodriguez est de retour
10. La rue
11. Ô temps, ô moeurs
12. Du côté de chez Swann
13. La première fois
14. Jouissance du désert
15. De l'inconvenient d'être libre
16. Robert Mitchum
17. L'anagramme
18. Vanitas vanitatum
19. Apparition
20. La griffe du passé
21. Rita
22. Midnight Rider
23. Diabolo menthe
24. À la recherche de Patrick Rodriguez
25. Dans la jungle
26. Le pacte
27. L'ascension du mont Gunnbjørn
28. Doppelgänger
29. L'aventurier du Kilimandjaro
30. L'iceberg
31. Mais où donc erre Olga?
32. Frantzimer
33. À l'aventure
34. Les beaux quartiers
35. À l'ouest, toujours rien de nouveau
36. Tarzan déprime
37. Les dahlias
38. Kali ne plaisante pas
39. Faux départ
40. Dans quel état j'erre
41. Filature
42. Idole sur canapé
43. Recherche sujet désespérément
44. La rencontre
45. Carcavelos
46. Le contrat
47. Patrick Rodriguez contre docteur No
48. La fiancée de l'orage
49. Tempête de sable
50. Quitte ou double
51. France buissonnière
52. Hautes solitudes
53. Avant le déluge
54. L'assassinat de Patrick Rodriguez
55. Paysage avec fauve
56. Jours tranquilles sur le plateau
57. Vlad et Vitali
58. Là où vont les oiseaux
59. Quand il eut franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre...
60. De l'autre côté
61. Dans l'enfer des tropiques
62. Le baptême
63. Panique à Saint-Flour
64. La vraie vie de Patrick Rodriguez

Extrait

« J'examinai le papier à en-tête des éditions No Man's Book. C'était un contrat en bonne et due forme mais, en dépit de l'usage, Alastair avait choisi de le libeller à la main. Les lettres étaient tracées avec soin, les pleins et les déliés évoquaient un cahier d'écolier du temps de Jules Ferry. Ce détail me frappa, moins cependant que l'usage d'une encre rouge, très sombre. Je parcourus le texte qui me réservait lui aussi quelques surprises. Il stipulait que je devrais me rendre là où Alastair jugeait bon de m'envoyer. En somme, j'étais son personnage. Vingt mille euros devaient m'aider à trouver des accommodements avec mon identité. Je tressaillis en lisant ce chiffre. Pour moi, c'était une fortune. Alastair me tendit un stylo. Il m'achetait ce libre arbitre dont je bâclais l'exercice et qui souvent m'attristait. Était-ce une si mauvaise affaire? Je pris le stylo, le soupesai puis, après un bref moment d'hésitation, je signai le contrat. Tu ne le regretteras pas, commenta Alastair sur le ton d'un camelot qui vient de fourguer sa pacotille. Il reprit contrat et stylo, les escamota. La sueur trempait mon dos. Alastair, sourire cousu sur le visage, me considérait. Son brushing, son bronzage sans fausse note m'effrayaient un peu. Leurs enchiladas rouges sont excellentes, paraît-il. J'en commanderais bien une assiette. Mais tu n'as pas l'air dans la tienne, tu n'as rien mangé, me dit-il. Je n'ai pas faim, fis-je.
Vraiment, s'étonna-t-il. Moi, j'ai toujours eu un appétit insatiable.
 
Les ventilateurs brassaient l'air chaud. Le spectacle de leurs pâles tournant en vain me fascinait. Je les fixai jusqu'au vertige. L'ambiance poisseuse m'évoquait ces vieux films hollywoodiens dont le héros, aventurier à bout de souffle, fuit dans l'enfer bleu cobalt d'improbables tropiques la police à ses trousses, des tueurs à gages ou pire encore le fantôme d'un amour. Alcools forts, chaleur et mort violente étaient les ingrédients les plus communs de ces dérives en cinémascope. Vêtu d'opprobre et de lin blanc, coiffé d'un panama très chic, j'irais chercher dans les mers du sud l'oubli de tout. Mon naufrage consommé, j'échouerais sur une grève inconnue. L'île serait sauvage et saturée de couleurs. J'y aimerais la fille d'un roi, finirais au-dessous du volcan une vie d'excès flambée entre la Trappe et le bastringue. Les ventilateurs décrivaient des spirales. Alastair dévorait ses enchiladas. Le ciel était très sombre. »




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