Club des éphémères (Le)
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Annette :
Il y a pas personne icitte qui peut dire que je suis pas travaillante. Je suis pas de ceuzes-là qui s’assisent sur leur steak à journée longue, moi. Je capote quand je reste trop longtemps à même place. T’sais, quand tu te sens ben stuckée à quelque part sans pouvoir faire de quoi. Dans ce temps-là, je badtrippe pis j’décâlisse sans demander mon petit change à personne. Sacrifice, j’ai toute faite icitte. J’ai été secrétaire à paroisse; j’ai vendu des donuts à Central Bakery; j’ai été waitress dans le Old Chicago; j’ai fait des milkshake au Arcadian Grill; j’ai fait les chambres au St. Régis; j’ai fait la caisse enregistreuse chez Ben’s pis au Richardson Hardware, je crois ben. T’sais, « faire toute », c’est pareil à « faire rien », mais ma vie c’était ça.
Cinq résidentes d’un foyer de l’âge d’or participent à un documentaire sur les éphémères, ces nuées de shadflies du lac Nipissing qui chaque été s’abattent sur North Bay. Les femmes s’y prêtent de mauvais gré, car ce dont elles meurent d’envie de parler, c’est plutôt des quintuplées Dionne. En jouant le jeu pour la caméra, les vieilles se racontent et, sans faire exprès, chacune révèle un sombre pan d’un passé (possiblement) vrai. Avec tendresse et mordant, cette comédie dramatique nous apprend que la vie, tout comme la mémoire, sont… éphémères.
Alain Doom, comédien et auteur dramatique, est le directeur du Programme de théâtre de l’Université Laurentienne de Sudbury. Son talent pour l’écriture a été rapidement reconnu : sa première pièce, Un neurinome sur une balançoire (2015), a remporté le prix Émergence AAOF et a été finaliste au prix Trillium; sa deuxième, Un quai entre deux mondes (2018), a aussi été finaliste au prix Trillium.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
