Grèce hors d'elle et autres textes (La)
Grèce hors d'elle et autres textes (La)
Écrits 1973-2003
Loraux, Nicole  
Rey, Jean-Michel (Préface de) 
Cohen-Halimi, Michèle (Edité par) 
  • Éditeur : Klincksieck
  • Collection : Critique de la politique
  • EAN : 9782252043356
  • Code Dimedia : 000205261
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Antiquité, Littérature - Essai / Critique, Texte ancien / Grèce antique
  • Pages : 900
  • Prix : 105,00 $
  • Paru le 15 février 2021
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EAN: 9782252043356

Les deux volumes rassemblent 72 articles écrits entre 1973 et 2003. L’article « La Grèce hors d’elle », qui donne son titre à l’ensemble des deux recueils, se veut une perspective de lecture sur la méthode par laquelle Nicole Loraux n’a pas cessé, selon ses propres mots, de « trouver dans la Grèce (et en abondance) de quoi la faire sortir d’elle-même » afin que « les Grecs redeviennent autres ». Cette altérité, cet ailleurs dont Nicole Loraux jugeait la Grèce porteuse, a suscité un considérable travail d’investigation qui s’est déployé principalement sous forme d’articles. Il n’est pas anodin de relever que la plus grande partie des livres publiés pendant cette période sont des recueils de textes réunis et composés autour d’un thème (le mythe d’autochtonie, le féminin, la variété civile de la guerre, la stasis et sa mémoire). Aussi peut-on lire ces deux volumes à la fois comme une écriture continue, lisible sur le même plan que celle des livres, et, tout à tour, comme un effet d’après-coup des livres, une esquisse préparatoire, un complément, des paralipomena, une reprise, un bilan — toutes ces lignes de faîte et toutes ces lignes de fuite dessinant ensemble la vaste cartographie de la réflexion de Nicole Loraux.
 
On retrouvera non seulement des éléments importants de son étude fondamentale sur l’idéologie et l’imaginaire civique qui ont donné son assise à la cité démocratique athénienne, mais également des analyses récurrentes du féminin, de la différence des sexes rapportée à la différence sociale des rôles, une attention constante pour le rapport de la mort avec la valeur civique, un intérêt de rigueur passionnée pour la tragédie et le rôle antipolitique ou subversif qu’y tiennent les femmes et, enfin, un relevé, non sans résonance avec la contemporanéité, de toutes les violences qui n’arrivent à la page écrite qu’à travers la mention d’une absence ou d’un silence. Autant dire que dans le va-et-vient par lequel Nicole Loraux fait s’éloigner de nous les Grecs pour revenir vers nous et nous rendre étrangers à nous-mêmes, « nous n’en avons pas fini avec les Grecs », ainsi que l’énonce la dernière phrase de l’article éponyme « La Grèce hors d’elle ».

AUTEUR(S)

Helléniste, historienne de la Grèce antique, Nicole Loraux (1943 – 2003) a enseigné à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Elle occupe une place très singulière dans l’historiographie française de la Grèce antique, singularité qui explique que sa reconnaissance dépasse largement les frontières des études grecques, singularité qu’il faut saisir au croisement d’un héritage et d’une innovation. L’héritage est celui de l’anthropologie historique propre à l’« école de Paris », laquelle nomme le prestigieux foyer théorique que fut, dès 1965, le Centre de recherches comparées sur les sociétés anciennes Louis Gernet où, sous l’égide de Jean-Pierre Vernant, se trouvaient réunis des chercheurs comme Pierre Vidal-Naquet et Marcel Détienne. L’innovation tient à l’effort méthodologique par lequel Nicole Loraux décida de s’éloigner des anthropologues du monde grec qui, selon elle, maintenaient encore les Grecs dans un temps suspendu ou immobilisé et cultivaient, fût-ce à leur insu, « un conservatisme de l’homme éternel ». Ainsi entreprit-elle d’« arracher les Grecs à leur exemplarité fondatrice » en multipliant les stratégies comparatistes, les va-et-vient entre les champs disciplinaires (psychanalyse, philosophie, histoire culturelle, psychologie historique, philologie, ethnologie). Cette méthode des variations sur l’altérité grecque mit Nicole Loraux en dialogue avec Pierre Clastres, Maurice Godelier, Jacques Derrida, Claude Lévi-Strauss, Michel de Certeau, Jacques Lacan et Jacques Rancière, pour ne retenir ici que quelques noms prestigieux, mais elle la conduisit aussi vers une réflexion hors norme sur le métier d’historien, sur l’usage rigoureux de l’anachronisme et sur le rapport de la contemporanéité au passé, par où se trouva assumée avec force la leçon de Marc Bloch ainsi reformulée par elle : « ce qui fait devenir historien c’est le présent et non je ne sais quel goût du passé… »




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