Revue l'Ours Blanc, no 18
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Menant de front une carrière d’artiste plasticien, de performeur et d’écrivain, Jérémie Gindre livre avec cette Saga un récit imaginaire pétri de culture vernaculaire valaisanne. En recourant au modèle islandais codifié il y a des siècles, il confère malicieusement un statut de récit mythologique à sa chronique des menus faits d’une famille borderline de Saxon. On retrouve dans cette oeuvre, comme dans le reste du travail de Jérémie Gindre, une exactitude du détail qui prouve son réel intérêt pour les microcosmes qu’il explore ainsi qu’une attention particulière portée aux aspects en apparence les plus dégradés des cultures populaires. S’y ajoute la tendresse non dissimulée de l’auteur pour des personnages marginaux hauts en couleurs. Pleine de drôlerie et faussement terrible, la Saga des gens de Saxon, si elle relève d’un choix résolument parodique, n’en atteint pas moins un surprenant ton de sincérité. Enfin, il est piquant de relever que quelque chose de typiquement valaisan est décrit au moyen d’un genre littéraire venue d’ailleurs — aussi bien du point de vue temporel que géographique — ce qui constitue une façon élégante de revisiter une littérature du terroir en déjouant l’écueil du repli identitaire et en évitant, par la même occasion, les sempiternelles et paresseuses reprises ramuziennes.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
