Libres d'apprendre
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Ouvrage collectif dirigé par Gabriel Nadeau-Dubois
Pourquoi la gratuité scolaire est-elle souhaitable pour une société et comment pourrait-on la réaliser? Les acteurs.trices de la Révolution tranquille défendaient ce projet haut et fort dans les années 1960 et il fut réactualisé lors de la grève étudiante de 2012. Ridiculisée par plusieurs, considérée comme irréaliste dans le contexte budgétaire actuel, des dizaines de milliers de jeunes ont pourtant porté cette revendication dans l’espace public pendant des mois, avec le soutien d’un grand nombre de citoyen.ne.s. Les auteur.e.s rassemblé.e.s dans cet ouvrage livrent chacun.e leur propre plaidoyer pour la gratuité scolaire, selon leur génération, leur approche, leur domaine de compétence et leur sensibilité. Si certains établissent le réalisme politique et économique d’une telle mesure, cet ouvrage veut surtout défendre « l’idée de la gratuité » d’un point de vue fondamental, comme un principe à défendre en soi.
La faisabilité d’un tel projet est pourtant facile à démontrer. Simon Tremblay-Pepin et Philippe Hurteau, chercheurs à l’IRIS, s’y attèlent en explorant les différents modèles de gratuité scolaire dans le monde et les scénarios possibles pour le Québec. La matérialisation de la gratuité scolaire est bien une question de volonté politique. De son côté, Michel Seymour démonte les arguments des opposants à un tel projet en revenant sur la question du financement des universités. Un des enjeux majeurs de la gratuité scolaire est la question de l’accessibilité pour toutes et tous au savoir. Lise Payette en offre une perspective historique en nous rappelant pourquoi ce projet était central pendant la Révolution tranquille, tandis que Francine Pelletier livre une perspective féministe sur le sujet en montrant combien la gratuité scolaire est un élément clé de la lutte pour l’égalité homme-femme. De son côté, Samuel Archibald rappelle en quoi l’éducation a joué un rôle déterminant dans la constitution de la classe moyenne au Québec, en réfléchissant également au rapport des Québécois.e.s à l’éducation supérieure.
Mais au-delà de l’argument de l’accessibilité, la gratuité scolaire doit être défendue pour son contenu même, pour le rapport différent qu’elle contribue à instaurer entre le savoir et celui qui le reçoit. Si Yvon Rivard plaide pour un savoir désintéressé en abordant l’éducation comme don, Normand Baillargeon défend la gratuité scolaire pour sa vertu égalitaire et émancipatrice. Micheline Lanctôt voit dans ce projet un vecteur de défense de la culture québécoise, comme le pensent aussi Widia Larivière et Mélissa Mollen-Dupuis pour la culture autochtone, tandis que pour Marie-Claude Goulet et Anne-Marie Boucher la gratuité scolaire contribuerait à renverser le processus de reproduction des élites inhérent à nos universités. Enfin, Eric Martin rappelle que la gratuité scolaire est vitale pour contrer la marchandisation grandissante des universités tout en se demandant si ce projet est en lui-même suffisant.
L’ouvrage se conclut par un entretien avec Noam Chomsky qui, en décrivant le processus de privatisation des universités chez nos voisins du Sud, rappelle la nécessité de lutter pour une éducation libre et publique.
Gabriel Nadeau-Dubois a été l’un des porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) pendant la grève étudiante de 2012. Après des études en Histoire, culture et société à l’UQAM, il étudie à l’Université de Montréal en philosophie. Chroniqueur à Radio-Canada, il est l’auteur de Tenir tête (Lux éditeur).
Avec des textes de : Samuel Archibald, Normand Baillargeon, Anne-Marie Boucher, Noam Chomsky,
Marie-Claude Goulet, Philippe Hurteau, Micheline Lanctôt, Widia Larivière, Eric Martin, Melissa Mollen-Dupuis,
Lise Payette, Fred Pellerin, Francine Pelletier, YvonRivard, Michel Seymour et SimonTremblay-Pepin.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.