Aubervilliers
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Dans la lignée des grandes «enquêtes» d’Emile Zola et des naturalistes -lesquelles font ellesmêmes suite en quelque sorte au vaste chantier de mise en chiffres du pays par les préfets de l’Empire -, Léon Bonneff a mis en fiction ce qu’il a vu lors des reportages effectués avec son frère Maurice pour L’Humanité ou Les Hommes du jour. Au sujet des « Métiers qui tuent » ou bien encore des cafés, beuglants et autres «assommoirs », les deux frères observaient la condition difficile des classes populaires et cette voie malsaine empruntée par les ouvriers recrus de labeur vers la maladie, la violence et la misère.
Profondément humain, comme le démontre Aubervilliers, Léon Bonneff aura ouvert la voie à de nombreux fictionneurs-reporters tels Robert Garric (Belleville, scènes de la vie populaire), Marmouset (Au lion tranquille), Marc Bernard (Sarcellopolis), et jusqu’au tenant du réalisme fantastique Jacques Yonnet Aubervilliers est le récit empathique d’un faubourg éloigné des boulevards éclairés par la modernité, mais rendu plus lointain encore par la révolution industrielle qui y cachait le rude traitement fait à l’être humain qui doit travailler pour survivre. La rente n’était pas morte mais le capitalisme faisait déjà des ravages.
Léon-Aron-Mathias Boneff, dit Léon Bonneff (1882-1914), est un écrivain prolétarien voué, au début du XXe siècle, à la défense de la classe populaire, à l’illustration de ses conditions de vie de la classe ouvrière et du lumpen prolétariat. Son roman Aubervilliers est LE classique de la littérature prolétarienne. Avec son frère Maurice (1884-1914), auteur de «Didier, homme du peuple», il a signé Bonneff leurs enquêtes, «La vie tragique des travailleurs» (1908), «Les métiers qui tuent» (1905) qui constituent après les livres d’Emile Zola un jalon de la littérature engagée.
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