Critique de la destruction créatrice
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Ce livre répond à la question productive contemporaine : sous la contrainte écologique, le besoin d'un changement de système productif se fait de plus en plus pressant sans que l'on ait les instruments nécessaires pour penser ce type de changement. Les guerres du XXe siècle ont fait naître l'illusion que de la destruction pouvait naître la création. Aujourd'hui l'homme est en guerre contre tout : sa biosphère, ses semblables et lui-même. On voit de plus en plus les destructions, de moins en moins les créations. Il n'y a plus d'automaticité ni de logique dans le passage des unes aux autres. La croissance se traduit par des chiffres, non par des biens pérennes. La destruction créatrice est devenue pulsion de mort.
Il est nécessaire d'en conduire la critique. Mais la nature même de la critique du système productif a changé : il ne s'agit plus de penser l'intensification de la production, mais sa durabilité, voire sa « générativité » ie sa capacité à transmettre ses fruits à la postérité. Jusqu'à maintenant, les critiques du système productif, marxistes ou libéraux, restaient internes à la production : il s'agissait de la libérer de ses entraves sans questionner l'acte même de produire en son essence. Le produire était un tout sans altérité. Ce livre montre pourtant que tout système productif repose nécessairement sur son autre, c'est-à-dire sur les conditions non productives de la production - que j'appelle l'improduction — et sur les moyens techniques de les assurer et de les développer, en tant qu'elles seules peuvent garantir un développement durable.
Pierre Caye, directeur de recherche au CNRS en humanités classiques, a consacré une part importante de ses recherches à Vitruve et au vitruvianisme de la Renaissance aux Lumières. Il a publié Le savoir de Palladio : architecture, métaphysique et politique dans le Venise du Cinquecento (Klincksieck, 1995, Prix Eugène Carrière de l'Académie française), puis Empire et décor : le vitruvianisme et la question de la technique à l'âge humaniste et classique (Vrin, 1999), et a proposé, en collaboration avec Françoise Choay, une nouvelle traduction française annotée et commentée du De re aedificatoria de Léon Battista Alherti aux éditions du Seuil (2004). Il a également publié Morale et chaos, principes d'un agir sans fondement (le Cerf, 2008. Prix Gagner de l'Académie des sciences morales et politiques).
Avant-Propos
Chapitre I : La destruction créatrice
La contrainte écologique
La destruction créatrice
Architecture et surédification
Apocatastase
Sédimentation et amertume
Philosophie et économie
Technique
Communication
Biopolitique et production totale
Autophusis
Du theoiogico-politique au théologico-économique
Destruction de la destruction
La seconde contradiction de la production
Accumulation et patrimoine
Chapitre II : Principes de sauvegarde et de résistance de l'être
Etre ou/et processus ? Le système de la liberté L'épuisement de l'être Du système à l'ek-stême Mondialisation et métaphysique La ressource néoplatonicienne Critique de la démiurgie L'oubli de l'Un Le principe d'improduction La sauvegarde de l'être Le berger et le jardinier Ontologie de la résistance
Chapitre III : La question de la technique à l'épreuve du développement durable
La crise de la technique occidentale
To technikon
Limites
Ubiquité
Espace, temps, technique
Espacement et dilatation
Poïétique transcendantale
Architecture
Généalogie de la technique : l'autre dans le même
Chapitre IV Du capital au patrimoine
De la conversion et de l'accumulation patrimoniales
La construction juridique de la notion de patrimoine
Domaine public, res publica et patrimoine
Les enjeux anthropologiques, économiques et sociaux de la patrimonialisation
Patrimoine et droit del'environnement
La médiation des choses
Le droit comme technique d'improduction
Le travail du droit
Questions de personne
Question de biens
Droit et constructivisme social
Conclusion : Polder
Index
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