

Femmes-reporters du Québec (1890-1945)
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De la fin du XIXe siècle jusqu’en 1945, l’histoire du journalisme s’est généralement construite autour de figures masculines, reléguant pour l’essentiel la contribution des femmes au Québec aux pages féminines des journaux. Pourtant, dès les années 1890, des femmes journalistes vont sur le terrain. Robertine Barry descend au fond d’une mine. Georgina Bélanger, Anne-Marie Gleason-Huguenin et Éva Circé-Côté se rendent au lac Saint-Jean pour décrire la colonisation du territoire. Adrienne Choquette mène une enquête littéraire auprès des écrivaines et des écrivains canadiens-français. Simone Routier transpose en récit son évacuation de Paris au seuil de la Seconde Guerre mondiale.
Cette anthologie démontre qu’il existe une généalogie de femmes reporters dès les débuts de la presse d’information. Parus entre 1890 et 1945, les textes sélectionnés témoignent d’une diversité de pratiques et de parcours. L’objectif de cet ouvrage est de mettre en lumière l’apport des femmes journalistes à l’histoire du reportage au Québec, mais aussi les liens qui existent entre ces parcours. La tendance à isoler certaines figures a pu nous empêcher de voir se dessiner des continuités et des influences entre l’écriture de ces journalistes. Quinze figures sont rassemblées ici. Robertine Barry, Georgina Bélanger, Éva Circé-Côté, Anne-Marie Gleason-Huguenin, Antoinette Gérin-Lajoie, Cécile Laberge, Corinne Rocheleau-Rouleau, Marie-Louise Marmette, Louise Gilbert-Sauvage, Germaine Guèvremont, Adrienne Choquette, Éva Senécal, Marthe Beaudry, Simone Routier et Gabrielle Roy.
Certaines des journalistes, comme Cécile Laberge ou Marthe Beaudry, sont méconnues et n’ont écrit qu’une poignée d’articles. D’autres, comme Robertine Barry ou Gabrielle Roy, sont des journalistes aguerries, des pionnières, célèbres dans le champ médiatique et littéraire, et leurs contributions sont nombreuses dans les journaux. À leur manière, toutes transgressent, cependant, un rôle typiquement féminin en allant sur le terrain et en sortant des pages féminines du journal. Ce faisant, elles inventent de nouvelles manières d’être reporter et contribuent à transformer durablement les pratiques d’écriture journalistiques.
Charlotte Biron est professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Sa thèse, D’Arthur Buies à Gabrielle Roy, une histoire littéraire du reportage au Québec (1870-1945), est parue en 2023 aux Presses de l’Université de Montréal, et son mémoire de maîtrise, Mavis Gallant et Gabrielle Roy, journalistes, en 2016 à Codicille éditeur. Son premier roman, Jardin radio, publié en 2022 au Quartanier, a été lauréat du Prix du CALQ – Œuvre de la relève à Montréal. Depuis 2022, elle anime le balado Terrains d’écriture.
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