« Nous butons en aveugles sur l’hypervisibilité du monde ». Si le diagnostic émis par Daney en 1984, n’a rien perdu de sa validité, il ne suffit plus tout à fait à rendre compte, à l’ère des règnes conjoints du digital, du web 2.0, du Smartphone et de l’interconnexion généralisée, du double processus d’enveloppement et d’imprégnation qu’engage désormais notre rapport aux images. Nous ne butons plus seulement sur l’hypervisibilité du monde, nous habitons le monde de l’hypervisibilité.

Préambule : Catherine Ermakoff
Ensemble 1
- Emmanuel Burdeau - à propos des 1001 Nuits de Miguel Gomes - film en trois parties, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 201 (sortie en salles 1re partie : le 24 juin ; 2e partie : le 24 juillet ; 3e partie : le 24 août).
- Stéphane du Mesnildot : à propos de Hacker de Michael Mann.
- Mathieu Macheret : à propos de Under the Skin de Jonathan Glazer, sur la nature pour le moins étrange, indéfinissable, du point de vue que propose le film, et qui témoignerait plus généralement des mutations affectant aujourd’hui la notion de point de vue
- Emmanuelle André : à propos de Adieu au langage, sur les rapports entre surface et profondeur, entre la vision « classique » à laquelle invite à la profondeur de champ et celle qu’implique le support digital, liée au feuilletage/bayage des images.
- Cyril Béghin : à propos de Z32 d’Avi Mograbi, sur l’usage qu’il fait des masques numériques.
- Adrien Genty : Les Réfléchissants : série d’images photographiques
- Jean-Michel Durafour : à propos de Gravity, Avatar, Mad Max : Fury Road et de la de la « nouvelle fiction d’un spectateur théologique ».

Ensemble 2
- Entretien avec Peter Snowdon à propos de son film The Uprising. Entretien mené en compagnie de Lune Riboni (qui termine une thèse sur l’usage de la vidéo numérique dans les soulèvements populaires arabes de 2010-2011). The Uprising : long-métrage documentaire entièrement composé de vidéos amateurs réalisées en Tunisie, en Égypte, Lybie, Syrie, au Yémen, et au Bahrain durant les Printemps arabes par des citoyens anonymes.
- Richard Bégin : « L’image au corps », au sujet de « l’image somatique »
- (25 000). Une analyse à partir du phénomène Evergig, site web qui permet aux internautes de téléverser des extraits de concerts captés à l’aide de téléphones portables. Ceux qui exploitent ce site assemblent ensuite ces extraits afin de proposer aux internautes, avec l’accord des artistes concernés, des concerts complets. Ce qui m’intéresse surtout ici, c’est le symptôme d’un désir du spectateur contemporain, soit celui – chez le fan ou l’Internaute – d’avoir accès coûte que coûte à des images qui, bien que mal cadrées, floues et, bien souvent, prises du pire point de vue imaginable, semblent cependant répondre à une pulsion particulière, à savoir celle qui consiste à voir via la perception corporelle de l’autre qui était présent. Cette présence physique - enregistrée, puis diffusée - semble être ici ce qui compte pour le spectateur, davantage que le fait de « bien » voir ou « bien » entendre le concert.
- Elsa Boyer : sur les séries Serious Game et Parallèle d’Harun Farocki.
- Cécile Martinaud au sujet de l’évolution des logiciels de montage et plus particulièrement de la dernière version de « Final Cut Pro » dont l’interface semble avoir entièrement épousé les gestes, visions et réflexes propres à la consommation contemporaine des flux d’images, au détriment de configurations adaptées aux formes du montage cinématographique.

Coda
- Hommage coordonné par Jacques Gesternkorn à Christian-Marc Bosséno (un des fondateurs de Vertigo, disparu en janvier dernier)

NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.