Strindberg l'impersonnel
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Aujourd’hui comme de son temps, la réputation de Strindberg ne cesse de faire écran à son oeuvre. Les témoignages à charge ne manquent pas sur sa présumée maladie mentale, ses délires de persécution et sa misogynie furieuse, à commencer par les centaines de pages autoaccusatrices que ses lecteurs peuvent trouver dans Inferno et ses autres écrits autobiographiques. Dans cet essai consacré au théâtre de Strindberg, Jean-‐Pierre Sarrazac entend mettre en valeur le rôle d’hypotexte, de socle de l’oeuvre dramatique, que tiennent les récits autobiographiques.
Contrairement à George Steiner, qui a dénoncé dans La Mort de la tragédie, l’usage « scandaleusement personnel » que fait Strindberg de cet espace public qu’est le théâtre, l’auteur entend reconstituer la démarche d’un immense artiste qui place l’intime au coeur de la création et dont l’oeuvre procède de la mise à nu, sur la scène, de sa propre existence et de l’existence d’autrui.
Toujours en mouvement, le théâtre de Strindberg opère un glissement du personnel vers l’impersonnel. Sur les lignes de fuite du récit autobiographique s’édifie la dramaturgie strindbergienne de la subjectivité.
Né en 1946, Jean-‐Pierre Sarrazac est un homme de théâtre complet, metteur en scène, auteur dramatique et théoricien, et conseiller littéraire. Ses essais et pièces sont traduits dans une quinzaine de langues. Il a notamment publié l’ouvrage de référence en études théâtrales : Poétique du drame moderne, paru au Seuil en 2012. L’Avenir du drame ou le Lexique du drame contemporain sont deux ouvrages clés. Il a dirigé ou contribué à de nombreux ouvrages collectifs. II a été formateur de comédiens au Théâtre national de Strasbourg, Professeur à l’institut d’Etudes théâtrales de Paris 3, fondateur historique du groupe de recherche sur la Poétique du drame contemporain qu’il a animé jusqu’en 2010, au rythme de publications collectives et de colloques. Son travail s’est attaché à la crise du drame contemporain, avec pour auteurs de prédilection Brecht, Strindberg, Beckett, Koltès, Lagarce ou encore Ibsen. Son apport conceptuel à la recherche en études théâtrales est immense. Il forge des concepts clés, devenus aujourd’hui incontournables pour penser le drame, tels que la rhapsodie, le drame-de-la-vie, l’art du « détour » dans le drame contemporain, le dialogue comme nouveau partage des voix, etc.
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