Revue Z, no 10
Revue Z, no 10
Marseille II
Collectif  
  • Éditeur : Agone
  • Collection : Revue Z
  • EAN : 9782748902969
  • Code Dimedia : B0013371
  • Format : Revue & périodique
  • Pages : 220
  • Prix : 24,95 $
  • Paru le 17 octobre 2016
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: REVUE
  • Groupe: Sciences humaines
  • Date de l'office: 13 octobre 2016
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782748902969

Le 8 mars 2016, pour la Journée internationale des droits des femmes, l’humoriste Jean-Marie Bigard, auteur d’un célèbre sketch sur le « lâcher de salopes », se produisait à Marseille en clôture du « Festi'femmes », organisé par une ancienne adjointe à la culture de la ville. Que penser du fait que ce genre d'événement soit si souvent porté par des femmes – blanches et bourgeoises, proches des notables ? Est-ce un hasard si cela se passe dans la grande ville qui compte le plus de pauvres en France ? Les Marseillaises sont de celles qui sont si bas, paraît-il, qu’il est légitime de les écraser. Qu’est-ce que ça coûte, de mépriser la vulgarité des « cagoles », descendantes de ces Italiennes travaillant à l’usine vêtues d’une cagoule, si exploitées qu’elles survivaient en se prostituant le week-end ? Qu’est-ce qu’on risque, à mépriser les choix des femmes voilées, traitées d'esclavagistes par la ministre des droits des femmes ? Comment la paupérisation et la précarisation se traduisent-elles en violence sexiste ? Pourtant, la Culture – la « haute » culture, universelle, celle qui « libère » – n’est-elle pas arrivée dans la ville quand elle est devenue Capitale européenne de la culture ?

En 2009, le Z n°2 montrait comment l’opération Marseille-Provence-2013 avait permis de « transformer l’image de la ville » pour attirer des capitaux en reléguant toute une partie de la population en périphérie. Sept ans plus tard, dans les nouveaux hôtels de luxe qui ont surgi entre les débris des quartiers populaires, des femmes de ménage en grande précarité se battent pour arracher ce qui leur est dû. Le taux de places en crèche reste huit fois inférieur à celui de Paris, et aucun transport public pour relier correctement au centre les cités des quartiers nord – où vit un quart de la ville.

Enquête sur le sexisme et l’exploitation, ce numéro de Z est aussi une réflexion sur la façon dont les femmes sont dépossédées de leurs savoirs et de leurs corps par le croisement de logiques patriarcales et marchandes. Dépossession des savoirs, manifestée de façon criante par l’histoire de la dévalorisation des sages-femmes, des chasses aux sorcières du XVIIe siècle aux mobilisations actuelles de la profession. Dépossession des corps : on verra ainsi comment les parcours de procréation médicalement assistée, dont les taux de réussite plafonnent autour de 30%, réduisent les femmes au rang d’utérus de laboratoire ou comment la pilule contraceptive affecte massivement la libido des femmes. Face à l’exploitation et au mépris, comment construire de la solidarité et de l’autonomie – viser, non pas tant le pouvoir individuel des working girls que la possibilité d’une puissance collective ? À Marseille, les protagonistes de ce numéro créent des espaces de lutte et d’entraide : poussent les portes du planning familial pour suivre un stage d'autodéfense, organisent des marches de nuit entre femmes ou revendiquent la nécessité d'espaces exclusivement féminins et transgenre.

La revue Z est revenue à Marseille au printemps 2016 pour fabriquer un numéro sur le sexisme et les résistances qui lui font face. Comme chaque année, c'est en s'installant sur place pour une longue enquête collective que l'équipe s'attaque à un enjeu qui intéresse toute la société, bien au-delà des habitants et des passionnés de Marseille. Reportages dans la ville, témoignages de celles et ceux qui ont rarement la parole alternent avec des éclairages venus d'ailleurs. Le tout dans un bel objet faisant une large place à l'iconographie avec de nombreux dessins, photos et gravures dénichés en partie dans les ateliers d'artistes marseillais. Un tableau vivant dans un style accessible, des enquêtes fouillées pour un journalisme ambitieux et engagé.
 




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