Revue Vertigo, no 37
Revue Vertigo, no 37
Peuple est là (Le)
Collectif  
  • Éditeur : Nouvelles Éditions Lignes
  • Collection : Revue Vertigo (#37)
  • EAN : 9782355260490
  • Code Dimedia : 64600049
  • Format : Revue & périodique
  • Thème(s) : BEAUX-ARTS
  • Sujet(s) : Arts
  • Pages : 112
  • Prix : 30,95 $
  • Paru le 3 septembre 2010
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: REVVER
  • Groupe: Sc. humaines - Revues et divers
  • Date de l'office: Donnée non disponible
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782355260490

Les Éditions Lignes accueillent la revue Vertigo. À cette occasion, une nouvelle maquette de la revue est proposée dès ce numéro 37, intitulé  : « Le Peuple est là ».

Dans quelle mesure le cinéma peut-il nous montrer ce qu’il en est du peuple, ici et ailleurs  ? De quelle manière peut-il en appréhender aujourd’hui la réalité complexe, mouvante, a priori insaisissable  ? Ce numéro est né du désir de réunir des cinéastes et des films qui nous paraissent articuler leur projet esthétique à un souci politique simple  : celui d’affronter la réalité ou la possibilité d’un peuple. C’est à partir des films de Rabah Ameur-Zaïmeche (Wesh, Wesh, Bled Number One, Dernier Maquis), de Tariq Teguia (Rome plutôt que vous, Inland) et de Miguel Gomes (Ce cher mois d’août) que cette question a pris pour nous une dimension nouvelle. Si elle est indissociable de l’intérêt que ces cinéastes portent aux minorités qui les entourent ou dont ils sont issus (beurs des cités ou villageois algériens chez Ameur-Zaïmeche, laissés-pour-compte de l’Algérie d’aujourd’hui chez Teguia, communautés rurales du Portugal chez Gomes), elle ne saurait pour autant s’y réduire. Le peuple n’apparaît jamais chez eux comme une entité donnée et assignable, mais comme une façon particulière d’exister, d’incarner cet élan, ce souffle, cette puissance, que seules l’expérience de l’injustice sociale et politique, les souffrances qu’elle implique, et les manières singulières d’y résister, sont en mesure de produire.

Cette croyance selon laquelle le peuple n’est pas donné d’avance, mais toujours à chercher, pourrait être ce qui motive la manière commune dont ces cinéastes conjuguent librement récit inventé et histoire réelle, situations scénarisées et surgissements imprévus, acteurs professionnels et non acteurs. Loin d’une représentation figée, manichéenne, démonstrative, chacun d’entre eux rend compte du caractère irréductible du peuple à travers un art très singulier de la rupture, de la dissonance, de la digression qui transcende les oppositions entre documentaire et fiction. Comme si chercher à saisir les violences, douleurs, pensées, désirs et aspirations qui animent ceux qui sont pris dans une histoire commune ne pouvait advenir qu’à la faveur d’une telle hybridation, dans cet espace hétérogène, mouvant et fragile.

Les trois jeunes cinéastes évoqués plus haut ne sont évidemment pas les seuls à incarner une telle démarche. La figuration du peuple, la croyance éthique et l’expérimentation esthétique qui la soutiennent, animent aussi bien le travail de Pedro Costa, de Rithy Panh ou celui de Thomas Heise (cinéaste de l’ex-RDA, dont on a pu voir le très beau film, Material, au FID Marseille en juin 2009).

Fidèles à notre volonté de passer outre les partitions ordinaires qui organisent la production cinématographique, nous irons également voir du côté des fictions dites plus « classiques ». Celles du cinéma d’horreur japonais et américain, où les figures du spectre (Kiyoshi Kurosawa), du zombie (G.A. Romero) et de l’extra-terrestre valent comme autant de tentatives d’incarner l’expérience à laquelle sont voués les « sans-part » aujourd’hui. Ou encore  : celle imaginée par Rohmer dans L’Anglaise et le Duc, en interrogeant la vision particulière qu’il livre du peuple révolutionnaire (vision qualifiée de « réactionnaire » par une partie de la critique à l’époque de la sortie du film).

Une série de textes brefs, qui auront pour objet la présence des figurants et des anonymes dans des films divers et variés (choisis au fil de notre inspiration) accompagneront le cheminement de cet ensemble. Nous consacrons la dernière partie de ce numéro au cinéma de Serge Bozon (L’Amitié, Mods, La France), dont les films ne témoignent pas seulement d’une salutaire liberté d’esprit, mais également d’une cohérence esthétique et thématique, où la question du groupe, du dandysme et de la définition de nouvelles conduites de vie, le cinéma hollywoodien des années cinquante et la musique pop jouent un rôle central. Cet ensemble, conçu comme une exploration vivante du travail de Serge Bozon, se composera d’entretiens, de textes d’analyse et de documents de travail.

 




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