Une brève histoire de l'adolescence
Une brève histoire de l'adolescence
Le Breton, David  
  • Éditeur : 81 (JC Béhar) Éditions du
  • Collection : Brève histoire
  • EAN : 9782915543452
  • Code Dimedia : 62900045
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Adolescence, Sociologie / Anthropologie
  • Pages : 144
  • Prix : 26,95 $
  • Paru le 2 décembre 2013
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: BREHIA
  • Groupe: Sciences humaines
  • Date de l'office: 28 novembre 2013
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782915543452

Les « Grandissants »
Adolescence vient du latin adolescens, participe présent deadolescere qui signifie grandir. À la différence du participe passé adultus qui marque le fait d’avoir cessé de grandir. Les deux expressions apparaissent de manière significative autour du XVIIe siècle lors d’une période où le sentiment de la différence des âges commence à se faire jour dans les milieux sociaux privilégiés.
 
Rites d’initiation des sociétés traditionnelles
Les rites d’initiation s’attachent à la modification radicale du statut et du sentiment d’identité des novices accédant ainsi à un savoir supérieur et à un statut envié. Souvent ils sont séparés de leurs anciennes appartenances et réunis en un lieu propre à la démarche de redéfinition sociale dont ils vont être l’objet de la part des aînés pour les rendre aptes à leurs nouvelles responsabilités. Période de marge qui signe leur mort symbolique. Ces rites assurent la transmission sociale et la reconnaissance unanime par le groupe. Ils s’inscrivent dans une dimension religieuse qui baigne l’existence individuelle et collective.
 
Dans le temps
L’un des signes de l’émergence du sentiment de l’adolescence dans la seconde partie du XVIIIe siècle est la publication de L’Émile : « Nous naissons pour ainsi dire deux fois : L’une pour exister et l’autre pour vivre ; l’une pour l’espèce et l’autre pour le sexe (…) Jusqu’à l’âge adulte, les enfants des deux sexes n’ont rien d’apparent qui les distingue : même visage, même figure, même teint, même voix, tout est égal : les filles sont des enfants, les garçons sont des enfants : le même nom suffit à des êtres si dissemblables (…) Comme le mugissement de la mer précède de loin la tempête, cette orageuse révolution s’annonce par le murmure des passions naissantes : une fermentation sourde avertit de l’approche du danger.»
 
Émancipation
Dans un contexte de transformation sociale, de passage d’une société traditionnelle à une société industrielle, les juristes, les médecins, les psychologues s’inquiètent de ce qu’ils désignent comme une criminalité adolescente. En France le consensus est assez large pour noter chez les adolescents en rupture un environnement social et familial défaillant. Cette adolescence fait peur. Les journaux du début du siècle mettent en exergue les Apaches en leur attribuant nombre de méfaits.
 
Adolescences liquides
L’adulescence ou la post-adolescence traduisent l’impossibilité de renoncer au cocon familial, à l’hédonisme de l’instant. Volonté de repousser le temps des responsabilités, de s’ancrer dans l’entre-deux avec d’éventuelles périodes d’indépendance qui ne durent guère, allers-retours dans l’impossibilité de décrocher du soutien parental pour prendre son autonomie économique ou affective et renoncer à une position ludique devant le monde. Les psychanalystes parlent à leur propos d’un syndrome de Peter Pan.
 
Vertiges familiaux
La famille s’inscrivait en principe dans la longue durée. Elle est aujourd’hui précaire, marquée par le recul du mariage, l’augmentation des divorces o, et donc pour l’enfant la fragmentation de la parenté. Quand le couple se sépare il reste l’enfant. « Le fait que nombre d’enfants aient aujourd’hui davantage à souffrir des impasses narcissiques dans lesquelles se trouvent enfermés leurs parents que des rigidités éducatives d’antan est une constatation clinique quotidienne en pédopsychiatrie ».
 
Consumérismes
Un nombre grandissant de jeunes se tatouent des logos à même la peau dans une quête passionnée d’identification à une marque commerciale. Ils participent de son prestige irradiant désormais leur corps et le sentiment de se perdre au sein d’une identité commune et merveilleuse. Dans une publicité des jeans Diesel deux jeunes Coréens viennent de se suicider et ils se changent en oiseaux avec leurs jeans. Échapper à la pesanteur du monde, planer grâce à ses jeans et atteindre ainsi l’éternité de l’instant.
 
La voie du risque
Les conduites à risque sont des rites intimes de contrebande visant à fabriquer du sens pour continuer à vivre. À l’opposé de passages à l’acte, ce sont souvent des actes de passage. Elles marquent l’altération du goût de vivre d’une partie de la jeunesse contemporaine, le sentiment d’être devant un mur infranchissable, un présent qui n’en finit jamais, dépossédé de tout avenir.
 
Transmettre
Aujourd’hui, au regard des moyens dont ils disposent et de l’ampleur de la tâche, il devient malaisé pour les enseignants d’inventer de nouvelles voies pour déprendre l’enfant des ornières de la culture des pairs nourrie par le marketing et le conformisme. La transmission n’est pas seulement une instruction, elle est une orientation du chemin.




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