Echardes
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Si le nouveau recueil de nouvelles que propose Hans-Jürgen Greif nous offre un panorama impressionnant de personnages et d’émotions, la vedette en est incontestablement le Temps. En effet, grâce à son sens de l’observation acéré et à sa plume d’une précision redoutable, l’auteur fait d’Échardes un lieu d’observation de la condition humaine qui ne peut échapper à sa finitude. Dans une première partie (« Hommage à Elias Canetti. Contes de la camarde »), il nous entraîne dans l’intimité de centenaires, à la fois fiers d’avoir survécu à tous ceux qu’ils ont connus et seuls dans leur triomphe ; les autres thèmes abordés dans les parties suivantes (« La justice et la loi » ; « Vous en connaissez ? » ; « Nos meilleurs amis » ; « Revanches ») témoignent de la banalité de l’expérience humaine, de l’usure du corps et des vacuités de l’existence.
Quand les vieilles rancoeurs se manifestent (« Trois femmes »), que l’âge de la retraite sonne prématurément (« Ses yeux »), quand le corps trahit son propriétaire ou qu’il induit en erreur en nourrissant les préjugés (« Son bras »), il faut un auteur de la trempe de Hans-Jürgen Greif pour raconter sans pudeur la réalité. Son regard sans complaisance posé sur différents milieux de vie (scène artistique, palais de justice, entreprise privée, ministère) a la précision de l’analyse scientifique, le microcosme étudié se mettant à nu et révélant la véritable nature humaine.
Hommes, femmes et même enfant sont montrés sous leur vrai jour, dans une galerie de portraits qui pourrait sembler désabusée. Pourtant, ici et là quelques phrases tendres, quelques remarques fines laissent planer un doute sur la position de l’auteur. Peut-être après tout met-il en application le proverbe « Qui aime bien, châtie bien » !
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