Onon:ta'
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« Nul ne se souvient du nom que lui donnaient les Indiens. Peut-être l’appelaient-ils simplement onon:ta’ : la montagne.
« Ceci n’est pas un ouvrage de plus sur le mont Royal : on n’écrit jamais sur autre chose que du papier. Je n’écris pas sur mais pour la Montagne, devant elle, en sa présence, à partir des traces que la forêt de temps de son paysage conserve du passage des Ochehagas. Quitte à ce que, pour ce faire, l’imagination doive reboiser la plus grande partie de l’île et de la vallée du Saint-Laurent, car leur actuel couvert d’arbres n’est qu’une maigre relique de celui qui, pendant des millénaires, s’étendait jusqu’au-delà de l’horizon de ce territoire. J’ai pris le parti de nommer et de parcourir ce paysage tel qu’il était avant l’assaut de l’asphalte, et tel qu’il sera « tant que l’herbe poussera » encore lorsque l’effritement de cette prétention de pierre qu’est le béton perpétuera avec peine un vague et vain souvenir des derniers humains.
« Ce livre ne traverse pas la forêt de temps de la Montagne sur le mode linéaire de la chronologie. Je l’arpente en vagabondant, au risque de divaguer. [...] Dans les iora’wihstote de ce kahiatonhsera’ (les « pelures », c’est-à-dire les pages, de ce livre), je propose moins une histoire que, reprenant le concept forgé par Kenneth White, une géopoétique du mont Royal. J’y localise avec une nouvelle exactitude les emplacements d’événements dont l’histoire n’a conservé que les dates, de façon à réinscrire dans le présent les souvenirs qui ne cessent d’habiter ces lieux de mémoire parfois disparus, le plus souvent irrémédiablement altérés [...]. »
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