Personnage secondaire (Le)
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À l’automne 1970, Carl Leblanc à peine âgé de sept ans entend pour la première fois à la télévision le mot kidnapping. Le Front de libération du Québec vient de kidnapper le diplomate anglais James Richard Cross. L’auteur et narrateur de ce livre se rappelle avoir entrepris d’explorer les coins les plus sombres du sous-sol familial pour retrouver la victime. Il avait envie de le sauver, guidé par une sorte de solidarité des victimes. Lui-même n’avait-il pas été l’otage de ses propres frères ?
James Cross, pourtant détenu pendant 59 jours dans un petit logement du nord de Montréal, deviendra à peine un personnage. Trop peu de chair si on compare son sort à celui de l’autre célèbre otage, le ministre de l’emploi Pierre Laporte, que le FLQ a limogé. Qu’un nom donc, quelques photos. Et dans les livres d’histoire de la nation, une mention en passant.
Trente ans plus tard, devenu cinéaste documentariste, Carl Leblanc part à la recherche de celui que l’Histoire a oublié, même si son enlèvement a marqué le début de l’une des plus grandes crises qu’ait vécues le Canada. C’est en Angleterre, dans le Sussex, qu’il le retrouve. Il recueille les souvenirs de James Cross, de son épouse Barbara et de leur fille Susan pour faire rejaillir ce sombre passé et secouer la mémoire collective.
Mêlant récit et réflexion, Carl Leblanc se questionne sur la manière avec laquelle cette histoire traite les personnages qui l’ont servie puis qu’elle a relégués au second plan, au profit de l’événement ou de la cause. Comment l’histoire choisit-elle ses héros ? La finalité d’un geste politique, comme la libération d’un peuple par exemple, prime-t-elle sur la liberté d’un individu ?
Un récit empreint d’un grand humanisme. Un premier livre troublant et bouleversant.
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