Faible passion du réel
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Que faire aujourd’hui de ce qui reste du projet moderne, de sa passion pour le réel — pas la réalité dont notre contemporanéité se repaît, mais le réel — passion dévorante, insoutenable, atroce — seule passion raisonnable pourtant ? Comment se tenir après la modernité sans tomber dans l’infamie du “post” ? Que détermine ce reste de modernisme, cette ultime fidélité moderne qui se donnerait comme «faible passion du réel » ?
Ce sont ces questions, pas moins, qui ont guidé la main de Juan Pérez Agirregoikoa au moment de s’emparer de ses feutres, crayons et tubes de couleurs. De l’autre main, l’auteur devait feuilleter quelques ouvrages d’un air coupable, cherchant dans les écrits d’Alain Badiou et de Jacques Lacan sinon un soutien du moins des points d’où démarrer. Un nouveau départ, un second souffle.
Pour la circonstance, Juan Pérez Agirregoikoa a relevé de ses cendres Arlequin, héros moderne par excellence, figure de la peinture moderne, celui qui porte sur lui, à même la peau et cousue pièce par pièce, l’abstraction géométrique. Pérez Agirregoikoa l’a secoué de sa grisaille pour lui refaire faire un tour de piste. Un tour pas bien gai, drôle souvent mais en définitive assez amer, dur, désespéré. Un tour tout de même, sur une piste mal assurée, semée d’embûches, merdeuse, le cirque d’aujourd’hui et sa sinistre parade : démocratie, romantisme, flicage, libéralismes, traditionalismes, cléricalisme, artisterie, sens et sensibilité…
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