Porcheries!
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Au Québec, la production industrielle du porc déchaîne les passions depuis des décennies. Fortes mobilisations de citoyens, interventions musclées de l'Union des producteurs agricoles, législations contradictoires du gouvernement, producteurs en détresse psychologique, comment une chose aussi naturelle que l'élevage d'animaux pour la nourriture peut-elle amener tant de controverses? Aujourd'hui encore, alors que nous découvrons la présence d'algues bleues dans plus de la moitié de nos lacs, les dommages causés par la porciculture intensive continuent de s'aggraver, même si un moratoire a fait croire que la production de porcs avait diminué.
Cet ouvrage présente une page de l'histoire de l'agriculture au Québec, de notre agriculture ou culture du rapport à la terre, à la ruralité, aux animaux, aux voisins, à l'alimentation, à la vie... Il examine le cas de la production porcine actuelle, sous divers angles, comme une illustration des dysfonctions de l'agriculture industrielle qui entraîne de graves impacts environnementaux, sanitaires et sociaux, sans garantir aux agriculteurs des revenus stables et équitables, ni des conditions de vie satisfaisantes. Des recherches universitaires sur les liens entre agriculture, société et environnement constituent le point de départ du livre, mais il est nourri par les expériences citoyennes de ses collaborateurs et collaboratrices. Laissant une grande place à la parole de différents leaders d'organisations citoyennes engagées dans ce qu'il est convenu d'appeler la « lutte porcine » et, plus globalement, dans la revendication d'un virage agricole fondamental, les auteurEs, à travers leurs témoignages et leur étude approfondie de la question du porc, proposent un modèle de production différent, pour un pays vert et bien nourri.
Encéphalopathie spongiforme bovine, grippe aviaire, fièvre aphteuse, hécatombes liées à l'eau contaminée en milieu agricole, infestations de cyanobactéries, stérilité des animaux qui consomment des aliments génétiquement modifiés, les preuves de l'imminence de la déroute du secteur, dans sa forme industrielle, abondent. L'agriculture, c'est plus qu'un secteur économique, c'est notre garantie de santé présente et future. L'air que nous respirons, l'eau que nous buvons, la nourriture que nous mangeons constituent notre sang, notre chair, nos organes, nos os.
[...] Au premier plan, ce sont les agriculteurs eux-mêmes qui sont lésés par cette situation. Ils se retrouvent aliénés à un système de production qui les enfonce dans l'endettement et qui cause la détresse psychologique chez plus de 60% d'entre eux. En souffrent également les résidants des régions affectées dont la qualité de vie s'est dégradée et dont la richesse individuelle (valeur immobilière) et collective (détérioration de l'économie communautaire, du patrimoine et du potentiel biorégional) subit le contrecoup de l'invasion porcine. Que dire enfin du détournement de fonds publics imposé à l'ensemble des contribuables québécois dont les taxes servent à promouvoir un développement industriel insoutenable qui n'enrichit que quelques maillons de la chaîne de production?
Denise Proulx est une journaliste spécialisée en environnement, en agriculture et en développement social. Elle est également impliquée dans sa communauté depuis près de 30 ans. Elle a été présidente fondatrice du Centre local d'écologie des Basses-Laurentides et à ce titre, elle a représenté les ONG québécoises au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Elle est membre fondatrice du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement. En février 2007, elle créait avec le RNCRJEQ l'agence GAÏAPRESSE, un portail quotidien en environnement et développement durable. Détentrice d'une maîtrise en sociologie, elle est chercheure associée à la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l'environnement de l'UQAM.
Professeure titulaire au Département d'éducation et pédagogie de l'Université du Québec à Montréal, Lucie Sauvé est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l'environnement, membre de l'Institut des sciences de l'environnement et de l'Institut de recherche en Santé et Société. Elle est responsable du Programme court d'études supérieures en éducation relative à l'environnement et co-dirige la revue internationale Éducation relative à l'environnement - Regards, Recherche, Réflexions. Son principal champ de recherche, qu'elle déploie en Amérique latine et au Québec, est celui de l'éducation relative à la santé environnementale, plus spécifiquement en lien avec les problématiques liées à l'alimentation.
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