![Une éducation sans école [ancienne édition]](../img1c1000-9782897191597.jpg)
Une éducation sans école [ancienne édition]
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Au-delà des écoles policées, des murs de la ville et de la tranquillité des ports existent des ailleurs pédagogiques, des espaces de liberté éducative, des îles mystérieuses aux trésors éducatifs dont il reste encore sans doute à dessiner les cartes, des criques inexplorées où jeter l’encre. — Thierry Pardo
Père de famille qui enseigne lui-même à ses deux enfants, Thierry Pardo propose, dans Une éducation sans école, une critique de l’institutionnalisation de l’éducation. À la lumière de diverses théories sur l’éducation (dont celles de Berger et Luckmann, Illich, Morin, Faure, Freinet, Sobel et d’autres...) il collige les « expériences éducatives marginales non institutionnelles », comme celles des sociétés traditionnelles (par exemple, les Inuits), celles des parents ayant fait le choix de « l’éducation à domicile » (unschooling) et celles des parents qui éduquent délibérément leurs enfants en voyageant. Tout le livre est traversé par la métaphore du pirate, alliance de l’imagination et de la révolte, de l’utopie et de l’aventure.
Les mots « école » et « éducation » sont devenus quasiment synonymes, alors que l’école ne représente qu’une infime partie de l’histoire de l’éducation, les premières grandes civilisations datant d’environ 6 000 ans et la scolarisation étant obligatoire depuis le milieu du XXe siècle seulement en Occident. Comment en sommes-nous arrivés à croire que l’éducation des enfants relevait de la responsabilité de l’État et, par le fait même, à dessaisir les parents et les autres acteurs de la communauté de leurs rôles d’éducateurs? Quelles logiques sont à l’oeuvre derrière ce phénomène?
La proposition d’« éducation pirate » de Thierry Pardo repose sur deux postulats fondamentaux: c’est aux parents que revient d’abord le rôle d’éduquer leurs enfants; un enfant grandit mieux dans un environnement naturel et diversifié que fermé et contrôlé. Car l’école constitue trop souvent une forme d’oppression, la salle de classe symbolisant un lieu de réclusion. Et ce « déficit de contact avec la nature » peut nuire à l’émancipation des enfants.
L’« éducation pirate » s’inscrit dans le champ de l’éducation relative à l’environnement, à la croisée des sciences de l’environnement et de celles de l’éducation. L’auteur présente les témoignages de sept familles pratiquant « l’éducation à domicile », ce qui lui permet d’identifier les fondements de cette éco-éducation. Leurs pratiques éducatives reposent sur quatre piliers: la pédagogie de projet ; la mise en valeur des infrastructures éducatives, par des visites et des sorties, familiales ou en groupe, de loisirs ou culturelles, éducatives ou récréatives; l’immersion dans l’environnement et la mise à profit de la découverte nature; et l’insertion dans un réseau social de personnes choisies.
Ce livre n’est ni une critique aux enseignants, qu’il tient au contraire pour seuls remparts à l’implacable traitement scolaire, ni un « chèque en blanc » aux familles qui décideraient de faire l’« éducation à domicile ». Il émet plutôt le souhait, comme le disait Illitch, « que se développe une recherche qui vise à remplacer les produits dominant le marché […], les écoles et les programmes impératifs interdisant de s’instruire à ceux qui n’ont pas suivi le bon chemin, qui ne se sont pas enfermés assez longtemps dans les salles de classe, qui ne veulent pas payer le prix du savoir en se soumettant à la surveillance, à la sélection, aux diplômes et à l’endoctrinement ».
Thierry Pardo, titulaire d’un doctorat en éducation, éduque ses deux enfants en dehors de l’école. Spécialiste des alternatives éducatives, il parcourt le monde en famille pour présenter les apports d’une posture libertaire. Auteur et conférencier, il est également chercheur indépendant associé à l’Université du Québec à Montréal.
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