Boxe
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Olga poids plume, deux petits seins, deux petits poings, une grande ardeur. Mon ventre est un voyage. Se réchauffe en moi l'espoir d'une autre vie.
Je ferme les yeux... Je ferme les yeux... Où suis-je ?
J'ouvre les yeux. Je suis à New York. Je roule dans ma rouge décapotable. Je descends dans un quatre étoiles. J'achète des bijoux que je ne porte pas. On me téléphone, fax, mail, on me poursuit, on me veut ! J'ai une suite. Je veux des fleurs, toujours des fleurs, un soleil permanent.
Mauvaise vie, humiliations, ma petite bouche crache sur vos croûtes. Rêves d'un jour, gâteau du monde, je veux ma part !
***
Mon amour, mon Olga,
Maintenant tout sera bien, je le sais, je le sens au plus profond de mes poings. Comme tu avais raison de dire que tu te battais en même temps que moi, que nous étions trois sur le ring, toi et moi, et lui en face. Je voudrais n'avoir plus que les mots "je t'aime" à ma disposition pour le répéter, le dire et le redire encore, je t'aime, je t'aime, je t'aime...
Muhammad Ali, fascination de toujours, avait poussé Toni sur le ring en professionnel. Il croyait à son étoile de champion. Olga était à ses côtés. Olga vivait avec lui, cessait de vivre avec lui, revenait, repartait...
Toni s'est suicidé un soir de février. Une semaine après sa disparition, Olga a quitté l'Europe pour le Nouveau-Mexique. Je n'ai jamais eu de ses nouvelles.
J'écris ceci trente ans plus tard en négation du temps qui passe. Les paroles d'amour atteignent toujours ceux qui les attendent.
Jean-Marie Piemme, professeur à l'INSAS (Bruxelles), se consacre par ailleurs essentiellement à l'écriture dramatique et à la réflexion sur le théâtre. Depuis une quinzaine d'années, ses pièces sont régulièrement à l'affiche, tant en Belgique qu'à l'étranger, ce qui fait de lui un élément incontournable du théâtre francophone contemporain.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
