Moebius 129: Le nu
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numéro piloté par JEAN-SIMON DESROCHERS
De la Vénus de Willendorf aux photographies de Spencer Tunik, la représentation du nu n’a jamais cessé d’alimenter l’imagination des artistes. Très souvent, la nudité des corps s’y présente comme l’état fondamental de l’être, sans cachette ni pudeur, offert aux regards devant ignorer les concepts de décence ou de morale. Le corps nu n’est pas le corps dénudé, il est l’humain avant la parure, l’être matériel sans autres symboles que sa peau, ses formes, ses postures ; il est une biologie porteuse d’une identité propre, immédiate, dépouillée.
Si l’art explore le nu et ses significations potentielles depuis l’époque préhistorique, la littérature, plus souvent, l’exploite. Le nu littéraire traditionnel sert généralement l’érotisme, la provocation, l’humiliation, la honte, la pornographie. Il fait figure d’événement, de ponctuation charnelle au détour d’un récit, au centre d’une image.
Trop rarement, les écrivains s’interrogent sur le rapport au nu, sur cette idée d'un corps d'avant le voile du vêtement, le corps d’une simplicité naturaliste, immanente. Au-delà des prémisses habituelles propres à notre société de l’image et des fonctions utilitaires du nu littéraire, je lance cette proposition de repenser le nu par la nouvelle, le récit, le poème ; d’utiliser ce concept comme un laboratoire ouvert où l’idée de l’immédiateté et du dépouillement primerait sur l’artifice et la parure. Que la question soit abordée de biais ou de front, qu’elle ne soit qu'un simple prétexte, que l’on aborde la nudité d’un corps ou d’un état d’esprit, que l’on explore une sobriété stylistique ou une thématique de la pureté, repenser le nu peut s’avérer une contrainte étrangement foisonnante.
Avec des textes de: Étienne Lalonde, Kim Doré, Caroline Louisseize, Jean-François Chassay, Bertrand Laverdure, Monica Lavin, Luc Larochelle, Catherine Cormier-Larose, Éric Gougeon, Kiev Renaud, Lucie Bélanger.
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