Alexis le Trotteur
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Il y a bien des années déjà que Jocelyn Bérubé, grand conteur du Québec, a su forger les mots, prêter sa voix et pincer le violon pour faire revivre les exploits et les amours d’Alexis le Trotteur, “ le cheval volant du Saguenay-Lac-Saint-Jean ” (1860-1924), et en immortaliser l’histoire dans un texte désormais célèbre.
Il y a bien des années aussi que Guth Des Prez, grand conteur de Normandie, a su troquer ses mots, entre deux récits, pour laisser courir sur ses carnets le trait de ses plumes et de ses pinceaux comme Ingres son violon.
Il y a bien des années que les deux conteurs se connaissent, partagent la scène, à l’occasion, et une vieille amitié fidèle, en tout temps. Mais c’est la première fois que les mots de l’un et les images de l’autre caracolent, complices, sur les pages d’une bande dessinée.
Jocelyn Bérubé est né en Gaspésie, à Saint-Nil, un village aujourd’hui disparu. Boursier des Jeunesses musicales en 1964, puis diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1968, il participe l’année suivante à la fondation du fameux Grand Cirque ordinaire, troupe de théâtre aux productions anticonformistes, célèbre pour avoir inspiré une nouvelle dramaturgie. Son parcours multidisciplinaire le mène du théâtre au cinéma, de la radio à la télévision, du disque vinyle au livre avec CD, de la Louisiane au Rwanda, du Lincoln Center au Théâtre du Rond-Point, entre autres. En 1994, il se mérite à Paris une médaille aux Jeux de la francophonie (dans le volet « Contes et conteurs ») et, en 2009, le prix du Mérite français dans la culture, remis par l’Union des écrivaines et écrivains québécois. Nil en ville, L’oiseau couleur du temps et, plus récemment, Le retour de Nil et Portraits en blues de travail : des titres marquants qui jalonnent l’imaginaire québécois au gré des vivacités culturelles — et contre-culturelles.
Jean-Claude Desprez, dit Guth Des Prez, est né en Normandie. Jeune témoin du débarquement de 1944, il a passé une partie de sa vie à servir la République comme officier des Troupes de Marine. Il a toutefois aussi trouvé le temps de faire des études d’histoire et de géographie. Dès 1961, il s’illustre comme conteur en langue normande ; mais c’est en 1973 qu’il officialise sa pratique de conteur-auteur : création depuis de multiples récits et spectacles autour des thèmes de la Grande Guerre et ses soldats, de sa Normandie, de la forêt… Très engagé dans le milieu du conte en France et dans le développement culturel en région, il y a notamment organisé, en 1988, les premières rencontres professionnelles de conteurs. Il poursuit tant sa pratique de conteur que des formations auprès des conteurs, en France et au Québec. Inséparable d’un carnet d’esquisses, c’est sous le pseudonyme de « GUTH » qu’il signe ses dessins en tant qu’illustrateur et affichiste, comme dessinateur de presse, puis comme illustrateur au trait et à l’aquarelle.
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