La disparition de la critique littéraire, au Québec, est un phénomène bien connu des écrivains et des amateurs de littérature. La quête de rentabilité et de légèreté des médias, mais aussi le désir éperdu – et si proprement québécois – de lever pour le lecteur potentiel toute forme de difficulté et de contrariété ont fait en sorte que nous ne lisons plus dans les journaux et n’entendons plus à la radio qu’une critique anémiée et doucereuse, soucieuse d’émotion et de divertissement. On peut voir là un effet de l’air du temps, une des formes multiples que prend l’assimilation aujourd’hui généralisée de la culture à la fête. À moins qu’une telle démission ne cache des causes moins avouables, comme notre incapacité collective à désigner ce que sont ou pourraient être nos grandes œuvres, ou encore le refus tacite qui serait devenu le nôtre de chercher à leur donner un avenir.

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