Politique : une activité dangereuse en Grèce ancienne? (La)
Politique : une activité dangereuse en Grèce ancienne? (La)
Jouanna, Danielle  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251452692
  • Code Dimedia : 000223871
  • Format : Broché
  • Thème(s) : GÉOGRAPHIE & TOURISME, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Antiquité, Grèce, Histoire & politique, Histoire générale, Politique
  • Pages : 312
  • Prix : 39,95 $
  • Paru le 7 mars 2022
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EAN: 9782251452692

« Si j’avais fait de la politique, je serais mort depuis longtemps », déclare Socrate à 70 ans, lors de son procès à Athènes en 399 avant J.C. Remarque étonnante : il vivait sous un régime qui passe pour le modèle idéal de nos démocraties modernes. Était-ce donc si dangereux de se lancer dans cette activité en Grèce?

De fait, les risques de la vie politique moderne en France n’ont rien à voir avec ceux que prenaient les « orateurs » en Grèce, même s’ils présentent parfois des ressemblances troublantes. Les hommes politiques grecs et surtout athéniens ont connu un incroyable harcèlement judiciaire, se terminant souvent très mal (perte des biens, de la citoyenneté, exil, condamnation à mort) – quand ils n’étaient pas tout simplement assassinés. On s’étonne que Périclès soit mort dans son lit quand on voit la triste fin d’Alcibiade ou de Démosthène.

Cet ouvrage, qui s’appuie sur des textes abondamment cités, intéressera tous ceux qui souhaitent mieux connaître le fonctionnement réel de la démocratie grecque et la comparer à la nôtre... ainsi que les hommes politiques modernes prompts à se référer à ce régime qui ne fut peut-être pas idéal, mais qui reste toutefois admirable à bien des titres.

Table des matières

Introduction : Que signifiait « faire de la politique » en Grèce?

PREMÈRE PARTIE : LE DROIT À LA PAROLE
Chapitre I : Donner la parole au peuple dans l’oligarchie
Chapitre II : Donner la parole au peuple dans la démocratie
Chapitre III : La parole à l’assemblée du peuple
Chapitre IV : Autres lieux de parole
Chapitre V : Autres moyens d’agir : l’argent et les hétairies
Chapitre VI : Agir par l’écrit

DEUXIÈME PARTIE : LES DANGERS DE LA POLITIQUE
Chapitre I : Les petits harcèlements du quotidien
Chapitre II : Le harcèlement de l’administration
Chapitre III : Le harcèlement judiciaire
Chapitre IV : Les procès : un instrument de lutte politique
Chapitre V : Assassinats et exécutions sommaires

Conclusion

Extrait

L’action judiciaire la plus fréquente, ou du moins le plus souvent mentionnée dans les textes, était certainement l’accusation d’illégalité ; et au IVe siècle, où l’on voit se multiplier les propositions de loi ou de décret, les attaques en illégalité prolifèrent parallèlement. Selon Démosthène (Contre Timocrate, 142), les hommes politiques proposaient presque chaque mois de nouvelles lois (à leur avantage, bien sûr) ; et leurs adversaires les citaient immédiatement en justice, parfois en raison de l’illégalité réelle de la loi proposée, mais la plupart du temps pour régler leurs comptes avec l’orateur ; il finit par en résulter une véritable paralysie de l’action législative… et peut-être une certaine lassitude des juges, si on en croit Eschine […].
 
On a du mal, dans le fonctionnement de nos démocraties modernes, à imaginer la quantité de lois et de décrets proposés au vote et, par voie de conséquence, la quantité de procès intentés en ce IVe siècle. Képhalos, un homme politique du début du siècle, était fier d’avoir proposé beaucoup de décrets sans avoir jamais été poursuivi pour illégalité ; mais un autre se glorifiait, lui, d’avoir été acquitté (et donc poursuivi) 75 fois lors d’actions intentées contre lui, raconte Eschine dans le même Contre Ctésiphon (affirmation difficile à vérifier, évidemment). L’historien Paul Cloché recense de nombreux cas de ce genre d’accusation, se terminant plus ou moins bien pour l’accusé, mais entraînant souvent le retrait prudent de la proposition de loi ; et, l’on voit que, chaque fois, il s’agissait moins de sauver la démocratie que de terrasser un adversaire. « Bref, conclut-il, la graphè paranomon (accusation en illégalité) a parfois très gravement compromis les intérêts de la cité; elle ne les a jamais efficacement défendus. » Mais ajoute-t-il, elle a rarement mis fin à une carrière politique.




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