Esthétique 1958/59
Esthétique 1958/59
Adorno, Theodor W.  
Ortland, Eberhard (Edité par) 
Birnbaum, Antonia (Traduit par) 
Métayer, Michel (Traduit par) 
  • Éditeur : Klincksieck
  • Collection : Critique de la politique
  • EAN : 9782252044933
  • Code Dimedia : 000210743
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Philosophie, Philosophie occident. moderne
  • Pages : 368
  • Prix : 65,95 $
  • Paru le 15 février 2021
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EAN: 9782252044933

Le Cours d’esthétique fait partie du long et vaste chantier qui aboutira au livre (inachevé) d’Adorno : Théorie esthétique (1969). Le texte consiste en la transcription de l’enregistrement de 21 cours tenus sur un semestre. C’est un cours au sens emphatique conféré à cette pratique par l’université allemande de cette époque : un lieu qui agence étroitement enseignement et recherche.
 
Ce cours porte un double geste. Tout d’abord, une reprise de considérations déjà développées dans le champ de la musique met celles-ci à l’épreuve d’une élaboration théorique plus large. Certains concepts cruciaux de l’esthétique adornienne – construction, expression, beauté, mimesis, rapport de sens – se trouvent explicités de la manière la plus rigoureuse. Ce travail minutieux étaye à son tour une interrogation proprement philosophique de l’art, ce qu’Adorno nomme son expérience. Dans cette expérience se joue, non pas une appréhension subjective des œuvres, redevable du goût, mais la capacité qu’a l’art d’objectiver un rapport spirituel.
 
Selon Adorno, l’art n’est pas pour la philosophie un objet régional parmi d’autres : il est, à l’égal de celle-ci, une pensée capable de se rapporter à la vérité de l’expérience. Adorno dégage ce qu’il nomme dans ce cours « le rapport de sens » des œuvres. Ce « rapport de sens » se formule au croisement de plusieurs problèmes : comment marquer précisément l’historicité des œuvres, la constitution de leur expérience dans et par les problèmes historico-philosophiques de l’époque, sans pour autant perdre de vue leur caractère intempestif? Adorno traite ce problème en interrogeant la dialectique entre la singularité irréductible d’une œuvre et son implication soit dans un courant – l’expressionnisme, le Jugendstil –, soit dans une thématique commune. Ce traitement le conduit à mettre sa réflexion à l’épreuve des œuvres de son présent de manière époustouflante, notamment à celle de John Cage, et à envisager de manière radicale ce qui de l’art musical lui-même se refuse au sensible, voire au sens.
 
Un des enjeux de la publication ce cours de 1958/59 en français est aussi qu’il ouvre plusieurs pistes qui ne seront pas poursuivies dans la Théorie esthétique et qui touchent directement des questions soulevées par l’art de notre propre contemporanéité.
 
La forme orale du cours permet de suivre pas à pas l’élaboration d’une pensée, d’appréhender la logique adornienne de la constellation, déployée ici avec plus de lenteur que dans d’autres textes, ce qui facilite l’accès à son esthétique dans son ensemble. D’où le double enjeu de la publication de ce texte : les développements didactiques contribuent à élargir la compréhension de la théorie esthétique d’Adorno, les audaces de sa recherche incitent à de nouvelles différenciations au sein de la réception française d’Adorno.
 
Nous allons désormais publier en traduction française tous les cours d’Adorno susceptibles d’éclairer ses œuvres majeures, cours que les éditions Suhrkamp éditent depuis peu à partir du Nachlass.

AUTEUR(S)

T. W. Adorno (1903 – 1969) a fait ses études de philosophie, de sociologie, de psychologie et de musicologie entre 1921 et 1923 à Francfort et a soutenu sa thèse de doctorat en 1924 sur La Transcendance du chosal et du noématique dans la phénoménologie de Husserl. Très tôt, encore lycéen, il s’est lié d’amitié avec Siegfried Kracauer, de plus de dix ans son aîné. Puis se sont nouées des amitiés décisives avec Horkheimer et Benjamin. Il a quitté l’Allemagne pour la Grande-Bretagne en 1938 pensant que le nazisme serait un tumulte politique sans lendemain durable, mais il s’est finalement décidé à partir pour les États-Unis où, grâce à Horkheimer, l’Institut de recherche sociale avait migré dès 1933. Devenu tardivement membre de cet Institut Adorno en sera un des représentants les plus importants. Pendant cette période d’exil, Adorno a écrit avec Horkheimer la Dialectique de la raison (1947) et a conduit avec d’autres chercheurs une enquête sur la « personnalité autoritaire », qui consistait en une étude scientifique de la réceptivité des individus à la propagande et à l’idéologie antidémocratiques. De retour en Allemagne, en octobre 1949, Adorno a fait vivre l’Institut de recherche sociale avec Horkheimer et il a préparé un remaniement philosophique radical de la dialectique, c’est-à-dire du rapport de la pensée à l’identité et à la non-identité. Ce travail a donné lieu, en 1966, à la publication du livre majeur, Dialectique négative. À ce livre devait faire suite une réforme de de l’expérience esthétique : Adorno travailla jusqu’à sa mort à la Théorie esthétique qu’il laissa inachevée en 1969. Toute cette trajectoire philosophique qui lie ensemble la Dialectique de la raison (auto-réflexion critique de la rationalité), la Dialectique négative (réforme de la dialectique) et la Théorie esthétique (réforme de l’expérience) est doublée, bordée, accompagnée par un ensemble de cours dispensés par Adorno, lesquels permettent de pénétrer dans le laboratoire de sa pensée et de voir s’y déployer de manière très claire les enjeux que les livres exposent parfois de manière plus elliptique.




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