Mort à Rome (La)
Mort à Rome (La)
Koeppen, Wolfgang  
Pierhal, A. (Traduit par) 
Muller-Strauss, M. (Traduit par) 
Chapoutot, Johann (Postface de) 
  • Éditeur : Typhon (Du)
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782490501069
  • Code Dimedia : 000204143
  • Format : Broché
  • Thème(s) : GÉOGRAPHIE & TOURISME, LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Allemagne, Italie, Littérature allemande/polonai., Littérature étrangère, Shoah
  • Pages : 248
  • Prix : 31,95 $
  • Paru le 11 novembre 2019
  • Plus d'informations...
EAN: 9782490501069

Le roman des ombres de l’histoire allemande, jugé scandaleux et provocateur à sa sortie en 1954

Dans les années 50, un jeune compositeur allemand, Siegfried, est en Italie. Durant les quelques jours qui le séparent de son concert, il découvre Rome à la splendeur ternie par les traces du conflit. Alors qu'il se pensait libéré des siens, Siegfried aperçoit des membres de sa famille et finit par croiser le plus terrible d'entre eux : son oncle, un ancien haut-dignitaire nazi. La présence de ce persécuteur impénitent qui maudit la démocratie et croit en un IVe Reich, projette sur le présent l'ombre d'un passé qui menace d'engloutir Siegfried.
 
À sa publication en 1954, ce roman polyphonique au style cinématographique sur le gouffre générationnel entre l'attrait de l'idéologie et le désir d'émancipation, a poussé la société allemande de l'époque à se regarder en face. N'ayant rien perdu de sa force, La mort à Rome brille encore de son éclat noir tant l'œuvre dissèque la guerre à mener contre soi-même et l'époque pour espérer, un jour, connaître la paix.

AUTEUR(S)

Né en 1906 à Greifswald, Wolfgang Koeppen étudie en Prusse orientale avant de s’engager comme cuisiner sur un navire. À son retour, il travaille en tant que journaliste indépendant. Son premier roman, Un amour malheureux (Eine unglückliche Liebe, 1934) est mis à l’index par les nazis. Il s’exile en France puis en Hollande de 1935 à 1938. N’arrivant pas à survivre et proche de la misère, il rentre en Allemagne et devient scénariste pour la UFA, cette grande société de production qui avait financé les chefs-d’œuvre de Fritz Lang et Friedrich Wilhelm Murnau avant de tomber sous la botte des nazis. Ses scénarios déplaisent et sont systématiquement rejetés. Il passe la fin de la guerre en s’en voulant de ne pas avoir fait plus pour résister, ce qui lui donne la sensation d’appartenir à une communauté de coupable.
 
Il intègre le groupe littéraire 47 – die Gruppe 47 – dont font partie Günter Grass, Heinrich Böll, Ingebord Bachmann et Uwe Johnson, mais il reste en marge. Sans doute parce qu’il est à cheval entre deux générations, celle de Thomas Mann (1875-1955) et d’Anna Seghers (1900-1983); celle de Günter Grass (1927- 2015) et Christa Wolf (1929-2011). Trop jeune pour le monde d’hier, trop vieux pour le nouveau monde.
 
Ce verrouillage intérieur, qu’il a dû s’imposer durant le IIIe Reich, explose dans trois livres écrits en trois ans. Pigeons sur l’herbe (1951), La Serre (1953) et La mort à Rome (1954). Les critiques discernent un ensemble thématique représentatif de la littérature allemande de l’après-guerre, celle des « ruines ». Ainsi, bien qu’étant distinctes, ces trois œuvres forment à leurs yeux une trilogie : celle de l’échec des espoirs annoncés.
 
Après La mort à Rome il n’écrira plus de fiction. Quasiment quinze ans de silence ponctués de récits de voyage, de récits fragmentaires ou de critique littéraire. L’universitaire Pierre Vaynat analyse ainsi ce mutisme : « son véritable blocage réside moins dans un fléchissement de sa puissance créatrice que dans le sentiment d’éloignement de Koeppen vis-à-vis de son propre peuple. Même après 1945, Koeppen n’a pu surmonter l’exil intérieur : les scènes de la vie nationale en R.F.A. au temps du miracle économique, de l’intégration dans le système politique occidental et du réarmement illustrent cet éloignement et font apparaître que pour Koeppen, derrière un démocratisme de fraîche date, les anciennes forces maléfiques sont toujours à l’œuvre dans la psyché du citoyen de la R.F.A., si bien que le juste est isolé et devient forcément de moins en moins capable d’établir des contacts humains, d’écrire et d’agir, un destin que Koeppen a encore su décrire avant d’y succomber. »
 
Ainsi l’œuvre de Wolfgang Koeppen est celle d’un retour d’exil manqué craignant une volonté de « liquidation du passé » par ses contemporains vivant dans « un état de somnolence satisfaite ».




NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.