À la vitesse des nuages
À la vitesse des nuages
précédé de Un champion de mélancolie
Fano, Daniel  
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042079
  • Code Dimedia : 000200105
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature belge / suisse, Poésie
  • Pages : 96
  • Prix : 34,95 $
  • Paru le 15 octobre 2019
  • Plus d'informations...
EAN: 9782877042079

Femmes défigurées à l’acide, coupures
d’électricité, surnoms qu’ils se
donnent dans les messages radio quand ils
sont en filature la nuit.
Le narrateur avait toujours
parlé le français, cette langue
dont il pouvait prédire qu’elle serait morte
avant que l’on sache où elle finissait.
Il faudrait être moderne à peu près
comme au XVIIe siècle, mais on compte
beaucoup trop d’artistes
aujourd’hui : ils sont dix fois plus nombreux que les chats.
Ton écharpe est tombée
bien bas.


La ville, chez Daniel Fano, est « sale comme un rêve inachevé ». Le monde aussi, et le lecteur ne sait pas sur quel pied danser. Pas plus que les personnages d’ailleurs, fragments imaginaires d’histoires plus grandes, désossés des vieux polars américains, qui confondent la fin du monde avec la prochaine danse. On navigue entre le crime et le cartoon, la vivacité de la bande-dessinée et la profonde mélancolie des closing-times. On saute d’un continent et d’une époque à l’autre, en changeant de vers, on fait de grands voyages, dictés par la seule logique de la fantaisie, dans une forme de tendresse poétique; le décousu comme une approche du monde. Et tout semble se passer au même moment, dans une tranquille équivalence, les drames comme les broutilles, l’extinction des espèces et une robe froissée; on sait maintenant « que la mémoire est une folie de plus ». Fano déploie des dizaines de narrations simultanées, où apparaissent brièvement, parfois en souvenir, parfois en ricochets d’évocation, parfois en figures clownesques de carton-pâte, les visages de Catherine de Médicis, Cy Twombly, Barack Obama, Serge Gainsbourg, Steve Reich, Eric Dolphy, Usain Bolt ou Claude Debussy. C’est un bombardement de flegme, de soie, puisé dans la mythologie des films noirs et des romans d’espionnages. Ces poèmes sont des coffres à jouets débordants de femmes fatales, de détectives un brin ratés, d’hommes d’affaires et de dictateurs, dans un bazar de révolutionnaires et de sex-symbols. C’est plein de pierres précieuses, de feutres mous et de Berreta, de Cadillac et de films pornos. Tous ces personnages soudain pris sous les projecteurs des télévisions, en flagrant délit de crime irrésolu : celui de la condition humaine. Car le monde tourne rond, mais à une allure folle, à la vitesse des nuages, et toutes les histoires se valent : ce n’est pas un parc d’attraction, c’est la vie même, mais éclairée par une lumière de dancing et on ne sait plus très bien qui appartient vraiment à la fiction. C’est la vie avec ses personnages découpés dans les journaux à scandale, et rassemblés dans un collage géant, par un démiurge facétieux qui s’accroche à ses fantaisies avec une joie féroce, sur le tableau d’une époque de la mémoire totale qui a « tué l’histoire ».

AUTEUR(S)

Daniel Fano est né en 1947 à Jemelle (Belgique), il vit à Bruxelles. Inspiré du mouvement surréaliste, il écrit ses premiers textes poétiques à l’âge de 17 ans. Au début des années 70, ses influences se diversifient : Denis Roche ou les auteurs américains William Burroughs, Charles Reznikoff et Louis Zukofsky. Il publie son premier livre Mannequins en flagrant sésame en 1973 (Transédition) et l’année suivante Bernard Delvaille l’impose dans son anthologie de La Nouvelle Poésie française (Seghers). En 1985 paraît Un champion de mélancolie, entre la bande-dessinée d’intrigue et le vintage glamour et frissonnant, Fano décline de façon ludique et vertigineuse un texte en forme de vision du monde, tour à tour désopilant et inquiétant, qui signe la singularité de son écriture. Son œuvre est publiée notamment au Castor Astral (La nostalgie du classique, 2004 ou Comme un secret ninja, 2007) ou aux Carnets du dessert de lune (Sur les ruines de L’Europe, 2006 ou La vie est un cheval mort, 2009). Entre mémoire et imagination, Fano retient, annote, révèle, crée à partir d’éléments fantasmés du quotidien, de souvenirs et de détails journalistiques. Il décrit la société spectaculaire marchande dans tous ses états, passe à la moulinette le cauchemar de l’Histoire, les mythologies de notre temps avec leurs illusions collectives et leurs escroqueries sémantiques.




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