Des Turcs
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Capturé tout jeune lors d’une bataille, Georges de Hongrie passa près de vingt ans en captivité dans l’Empire ottoman du XVe siècle. À son retour en terre chrétienne, devenu moine dominicain, il s’inspire de son expérience pour rédiger, dans son vieil âge, son Traité sur les moeurs, les coutumes et la perfidie des Turcs.
Réquisitoire contre l’islam turc, prophétie apocalyptique, récit de captivité et précis ethnographique, l’ouvrage connut en Occident un succès retentissant. Il dépeignait les Turcs comme le plus sobre, le plus pieux, les mieux policé et le plus vertueux des peuples, au point que Georges de Hongrie confesse avoir été un temps convertis et avoir lui-même prêché au sein d’une communauté de derviches.
C’était précisément cette diabolique capacité de séduction qu’il dénonçait, et qui lui permettait d’adresser ses critiques aux chrétiens (Luther se souviendra de ce livre au moment de fonder sa Réforme). Les Turcs devenaient ainsi le repoussoir de l’Occident, le miroir de ses doutes et la figure de toutes ses angoisses. Un rôle appelé à une très longue postérité.
Joël Schnapp est docteur en histoire et enseignant. Il est l’auteur de Prophéties de fin du monde et peur des Turcs au XVe siècle – Ottomans, Antichrist, Apocalypse, Classiques Garnier, 2017.
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