Estuaire, no 173
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Un portrait est un visage. Voilà une affirmation qui semble banale. Un portrait ne figure pas nécessairement un visage. Il en revêt plutôt la même ambiguïté, la même distance intime. Si je porte mon visage tous les jours, je n’en saisis les traits qu’au moyen d’une médiation : un compliment, un miroir, une photographie. Ce visage m’appartient, mais seul un point de vue extérieur me permet de l’apprécier. Je dois aller à sa rencontre, puis cheminer au travers, parcourir ses courbes et ses os. Je ne cesse de le redessiner dans ma mémoire. Je m’en fais toujours la portraitiste. Le geste est continuellement repris, à recommencer. Bien sûr, je conserve une idée de mon visage, figée un temps. L’illusion de sa permanence m’amène parfois à douter de ma propre ressemblance devant mon image photographique. Je scrute cette dernière sans m’y reconnaître. L’angle n’est pas juste. Je n’ai pas ce regard. Un sentiment d’étrangeté m’envahit. Sais-je quelque chose de mon visage ? Je ne l’ai jamais vu fâché ni véritablement surpris ou épris de plaisir. Pourtant, c’est bien mon visage qui a été capté par l’objectif, mais ce n’est pas mon visage. Mon visage se fait alors le visage d’autrui.
Extrait du liminaire « Au revers du visage, une figure »
Avec des poèmes de
Ariane Audet
Daphné B.
Anne-Renée Caillé
Monique Deland
Clémence Dumas-Côté
Annie Lafleur
Maude Pilon
Diane Régimbald
Karianne Trudeau Beaunoyer
Laurence Veilleux
Des critiques de
Zéa Beaulieu-April
Toutou tango de Baron Marc-André Lévesque
Gabrielle Giasson-Dulude
Ciel de nuit blessé par balles d’Ocean Vuong
Roxane Nadeau
Nous rêvions de robots d’Isabelle Gaudet-Labine
François Rioux
L’avion est un réflexe court
de Catherine Cormier-Larose
Et
Déjeuner sur l’herbe avec Jonathan Lamy – Entretien par Annie Lafleur
Les fugues – Sept proses sur la poésie, 5 par Daniel Canty
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